QVCT : une prise en main inévitable face au désengagement au travail

La QVCT ou Qualité de vie et des conditions de travail a un impact prouvé sur :

• la santé et le bien-être des Français ;
• l’engagement et la performance des organisations et de leurs collaborateurs.

Les conclusions de la Grande enquête 2023 de Qualisocial se révèlent pertinentes.

« La QVCT est une représentation des facteurs qui influent sur la perception des gens vis-à-vis de leur qualité de vie », déclare Camy Puech, CEO et fondateur de ce cabinet conseil spécialisé dans les questions de risques psychosociaux, qualité de vie et santé mentale au travail. 

L’impact devient une évidence, surtout après la période inédite de la Covid-19 qui a engendré des troubles de santé physique et mentale pour les Français en général et pour les salariés en particulier. 

« Les entreprises ont un engagement sociétal : faire progresser les individus et faire en sorte qu’ils se sentent bien », évoque Alexandre Stourbe, directeur général du Lab RH.

Au-delà de la transformation de l’organisation du travail (avec l’essor du télétravail), la pandémie a souligné l’importance de la Qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), qui a repris le flambeau de la Qualité de Vie au Travail (QVT).

Une nouvelle dénomination officialisée par le monde du travail avec la signature de l’ANI du 9 décembre 2020 sur la prévention des risques professionnels en santé et sécurité au travail.

On pourrait qualifier la QVCT comme une démarche visant à améliorer les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur travail et leur capacité à s’exprimer et à agir sur le contenu de celui-ci.

Cette thématique fait l’objet d’une semaine dédiée en France et organisée du 17 au 21 juin pour 2024, sous l’égide de l’ANACT (l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, établissement public administratif placé sous la tutelle du ministère en charge du travail). 

Un mal-être individuel qui affecte la motivation en entreprise : vers une certaine déprime collective

En zoomant sur l’enquête 2023 de Qualisocial « Impact de la QVCT sur la santé, le bien-être, l’engagement au travail et la performance des organisations » publiée en janvier 2024, la jonction entre bien-être individuel et évaluation de la santé mentale en entreprise est évidente.

Il devient difficile d’isoler vie personnelle et vie professionnelle au regard des interactions et des imbrications entre les deux environnements. 

En novembre 2023, Qualisocial a monté une étude d’ampleur inédite pour évaluer l'état de la QVCT en France et son impact sur la santé, le bien-être, l’engagement au travail et la performance économique des organisations.

Voici les deux principales tendances. 

Désengagement au travail

Le niveau de désengagement au travail est élevé (53 %) alors qu’à l’inverse le taux d’implication active est faible (12 %).

• 35 % se déclarent dans un état « passif » ;
• 46 % des Français ne se considèrent pas en bonne santé mentale :
  • 27 % « ni bon ni mauvais »,
  • 16 % « plutôt mauvais »,
  • 3 % « très mauvais » ;
• 62 % ne se considèrent pas « satisfaits de leur vie » à proportion quasi-équivalente entre « pas satisfait du tout », « plutôt pas satisfait » et « ni l’un ni l’autre ».   

La QVCT jugée primordiale

C’est un constat quasi-unanime :

• 88 % des Français considèrent la QVCT comme « prioritaire » (54 %) ou « importante » (34 %) et leurs attentes concernent avant tout la santé et les relations au travail.
• Parmi les thèmes prédominants dans la QVCT figurent la santé et la sécurité (27 %) et les relations en l’ambiance au travail (22 %). 

L’absentéisme, le mal-être palpable

Sous un autre angle, le 8^e Baromètre Malakoff Humanis sur l’absentéisme, publié en juin 2023, souligne la nécessité de prendre davantage en compte la QVCT dans les entreprises. 

Voici quelques grandes tendances décryptées : 

• Avec 50 % des salariés du secteur privé (toutes tailles d’entreprise confondues) arrêtés au moins une fois dans l’année, l’absentéisme maladie atteint son plus haut niveau depuis 2016.
• L’absentéisme a progressé de 9 points par rapport à 2016 (date de la première édition) et de 12 points depuis 2021.
• Dans le même temps, la part des salariés qui s’estiment en bonne santé est en baisse depuis 3 ans (68 % en 2023 vs 75 % en 2020).
• Des arrêts longs pour troubles psychologiques multipliés par deux. Toutes durées confondues, la maladie ordinaire reste le premier motif des arrêts maladie. C’est également le motif qui affiche la plus forte progression cette année (28 % vs 21 % en 2022). Viennent ensuite le Covid (17 %), les troubles psychologiques (15 %) et les troubles musculosquelettiques (13 %).
• Les troubles psychologiques constituent le premier motif des arrêts longs (plus de 30 jours). Les arrêts longs pour trouble psychologique ont doublé en 3 ans (32 % vs 14 % en 2020).

Quels indicateurs de la QVCT à retenir ? 

6 domaines d’intervention définis par l’ANACT

Dans son enquête QVCT - Le baromètre Qualité de Vie et Conditions de Travail 2024, Qualisocial retient une démarche QVCT structurée autour de 6 domaines d’intervention définis par l’ANACT :

• dialogue professionnel et dialogue social ;
• organisation, le contenu et la réalisation du travail ;
• santé au travail ;
• les compétences et les parcours professionnels ;
• l’égalité au travail ;
• le projet d’entreprise et le management.

Qualisocial s’inspire donc de ces domaines d’intervention pour quantifier l’impact de la QVT sur la santé, le bien-être, l’engagement au travail et la performance économique des collaborateurs.

« Pour évaluer le bien-être des collaborateurs, il est important de se focaliser sur ce que vivent les gens. Selon nous, le sujet central est celui de pouvoir travailler avec un sentiment de sécurité. Cette notion de sécurité couvre aussi bien les aspects physiques que mental qui se sont particulièrement détériorés depuis la Covid-19. Cela s’adresse par la qualité des relations humaines, managers et collègues, la charge de travail, la variété des tâches… », souligne Camy Puech, CEO de Qualisocial.  

Comment suivre la QVCT des salariés du secteur privé et des agents du secteur public ? 

Entre les normes, les labels, les outils dits de référence et les référentiels… Il est difficile de s’y retrouver dans les types d’outils pour évaluer la QVCT.

Voici quelques approches :

• Norme ISO 26000 de portée internationale qui vise à fournir aux organisations les lignes directrices de la responsabilité sociétale (RSE), mais qui dépasse largement le prisme de la QVCT dans les organisations ;
• Labels qui mêlent gestion RH, RSE et QVCT (B-CORP, LUCIE 26 000, Engagé RSE de l’Afnor…) ;
• Les classements et palmarès d’attractivité des entreprises autour de la marque employeur comme :
  • Great Place to Work,
  • Top Employers,
  • le listing des « 50 entreprises préférées des étudiants et jeunes diplômés » (Occurrence - Groupe Ifop - Epoka)
  • ChooseMyCompany (classement HappyIndex®️AtWork).

Alors, comment s’y retrouver ? Là encore, l’ANACT a publié en juillet 2023 un « Référentiel qualité de vie et des conditions de travail » (disponible pour les membres du portail de l’agence). Il intègre 10 idées-clés sur la QVCT avec des conseils méthodologiques pour obtenir un pouls de son organisation, mais aussi des plans d’action pour améliorer la santé et le bien-être de ses collaborateurs.

Parallèlement, un « Référentiel pour l’élaboration de chartes sur la QVCT dans la fonction publique » a été introduit en juin 2023, sous la houlette de la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP).

QVCT : des principes à l’engagement opérationnel

Il ne subsiste guère de doute sur le lien entre QVCT et engagement des collaborateurs au sein des équipes et du personnel. Mais il est nécessaire de disposer d’éléments en pré-requis pour bien aborder l’approche QVCT. Et cela commence par l’accès à des outils de détection de désengagement voire de signaux faibles à suivre.

« Si on peut anticiper des situations compliquées, on pourra protéger les salariés et leur redonner de la motivation », rapporte Geoffroy Verzat, cofondateur de teale, du nom d’une start-up française qui exploite une application dédiée à la santé mentale des collaborateurs en entreprise (voir le retour d’expérience dans le dossier QVCT avec son client Batch). 

Retour sur les recommandations de la Grande enquête 2023 de Qualisocial qui a découpé les conseils en fonction des cibles concernés (employés, organisation, gouvernement). 

S’il fallait ajouter un dernier conseil pour marquer des points dans l’amélioration de la QVCT, c’est de procéder à des évaluations régulières pour suivre dans le temps l’évolution des indicateurs et de trouver des temps et des espaces de réflexion pour avancer de manière collective.

Une démarche sereine et pro-active à prévoir sur le long terme pour éviter le clash en cas de crise déclenchée.