Formation

Femmes dans le numérique : Nova in tech par Numeum donne une impulsion par la reconversion

Par Philippe Guerrier | Le | Droit de la formation

Le programme, qui a succédé à la Commission Femmes du Numérique de Numeum, se décline en 4 modes actions ou d’influence pour accompagner les entreprises dans la reconversion des femmes dans le numérique. Description du dispositif par Maÿlis Staub, Présidente de NOVA in tech.

Maÿlis Staub, NOVA in tech : accompagner les entreprises dans la reconversion des femmes dans l’IT - © D.R.
Maÿlis Staub, NOVA in tech : accompagner les entreprises dans la reconversion des femmes dans l’IT - © D.R.

Numeum veut s’impliquer de manière opérationnelle pour inciter les femmes à se reconvertir dans les métiers du numérique.

C’est la vocation de NOVA in tech, qui a émergé en janvier 2024. Ce programme succède à la Commission Femmes du Numérique du syndicat professionnel des acteurs du numérique.

Soutenue par Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, l’initiative Nova in tech par Numeum se décline en 4 modes actions ou d’influence :

  • développement de l’attractivité via une offre de services autour d’un hub pour les entreprises adhérentes de Numeum,
  • accroissement de la visibilité des femmes expertes : l’objectif est d’inciter 100 femmes du secteur numérique à se rendre en délégation sur des salons technologiques à l’international, comme le Web Summit qui s’est déroulé en novembre 2023 à Lisbonne,
  • création d’un groupe de réflexion « Hommes Alliés » pour inciter des professionnels masculins à promouvoir la féminisation dans le secteur numérique,
  • identification et promotion d’un vivier de femmes expertes disponibles au sein de Numeum en vue d’une exposition publique et médiatique.

« Nous voulons accompagner nos entreprises du numérique pour qu’elles disposent d’une démarche structurée et marketable de recrutement et de fidélisation de femmes en reconversion », déclare Maÿlis Staub, membre du Comex de Numeum et Présidente de Nova in tech.

L’objectif est de passer à un rythme de 5000 femmes par an recrutées en reconversion dans le numérique à 10 000 par an d’ici 2028.

NOVA in tech par Numeum - © D.R.
NOVA in tech par Numeum - © D.R.

Un hub pour favoriser le recrutement de femmes en reconversion dans le numérique

  • « La Commission Femmes du Numérique de Numeum a été créée il y a 10 ans. J’ai repris en 2023 la présidence pour proposer une nouvelle feuille de route adaptées aux nouveaux besoins de nos entreprises sous la nouvelle bannière Nova in tech.
  • Il faut rebattre les cartes : nous ne sommes plus dans l’injonction. Il faut désormais agir. Nous principale mission est d’œuvrer auprès des entreprises en se concentrant sur le volet de la reconversion professionnelle.
  • Les parcours de formation classique sur les fonctions IT que nous adressons déjà avec nos partenaires ne suffiront pas à absorber les besoins en recrutements », déclare Maÿlis Staub.

Le volet le plus structurant vise à monter une offre de services Numeum sous forme de hub.

« La plateforme aura pour objectif de flécher selon la maturité de l’entreprise les étapes de recrutement et de fidélisation de femmes en reconversion et de mettre à disposition des entreprises diverses ressources comme des webinaires (retour d’expériences, attractivité, décryptage…) », déclare Maÿlis Staub.

Reconversion dans le numérique : accompagner la montée en puissance

• 70 000 nouvelles personnes ont rejoint les métiers du numérique en 2022 selon l’Institut Montaigne, dont 30.000 via une reconversion professionnelle.
• L’objectif est de doubler d’ici 2030 le nombre de reconversion de femmes par an en renforçant l’attractivité sectorielle.

Les freins identifiés

Manque de visibilité et d’attractivité 

Nova in tech recense 3 principaux obstacles au recrutement des femmes en reconversion dans le secteur du numérique :

  • des opportunités trop peu identifiées par les entreprises ;
  • des dispositifs pour favoriser la reconversion méconnus comme le préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) ;
  • Un retard sur des pratiques de recrutement inclusif.

« En France, on estime que 6 femmes sur 10 envisagent de se reconvertir mais beaucoup d’entre elles ne pensent pas au secteur numérique, ou, pire, le fuient. Le secteur n’est pas perçu comme attractif à cause du manque d’inclusion. La reconversion d’une femme au profil d’experte-comptable en data analyst est par exemple géniale mais cela ne devient pas un réflexe concret », indique Maÿlis Staub.

ESN-clients : nécessité de changer la perception

  • « La mixité en France et en entreprise était parfois perçue comme un combat purement féministe. Avec Nova in tech, nous nous nous inscrivons sur un autre registre.
    Il s’agit d’adresser deux problématiques principales :
    • pénurie de talents, notamment féminins dans le secteur du numérique,
    • performance globale des équipes. Le tout à mener sur fond de sexisme qui reste latent en France, malheureusement plus qu’ailleurs », indique Maÿlis Staub.

  • « Il n’existe pas d’étude en la matière mais nous savons que pour certaines entreprises membres de Numeum, notamment des entreprises de services numériques (ESN), le recrutement de femmes en reconversion peut être plus difficile que pour d’autres, au regard de leurs clients et des enjeux de facturation. 
  • C’est encore difficile de recruter des personnes en reconversion car elles craignent les réactions de leurs clients qui ne veulent que des ingénieurs diplômés comme interlocuteurs.
  • Dans notre dernière enquête semestrielle publiée en décembre 2023, quasiment huit entreprises sur dix (79 %) évoquent le manque de talents comme principal frein à la croissance », indique Maÿlis Staub.

Les partenariats mis en place

Nova in tech cherche, avec l’appui de Numeum, des leviers de financement pour mettre en place ce dispositif de recrutement et de fidélisation de femmes en reconversion.

Des passerelles sont établies avec d’autres associations professionnelles ou initiatives comme : 

  • Femmes@Numérique,
  • « Elles bougent »,
  • l’AFMD,
  • Social Builder,
  • le consortium Tech pour toutes, annoncé par Elisabeth Borne (alors Première ministre) lors de VivaTech 2023.

Numeric’Emploi

  • Ce programme, créé en 2016, vise à proposer aux personnes en recherche d’emploi ou d’une orientation de bénéficier d’entretiens avec un recruteur professionnel issu d’une entreprise du numérique.
  • En janvier 2024, un accord a été signé avec France Travail pour développer et adapter le dispositif Numeric’Emploi à l’échelle nationale d’ici 2025, en commençant par les régions Grand Est, Normandie et Occitanie au cours du premier trimestre 2024.

Programme SAS

  • Mis en place depuis 2021 avec la Région Bourgogne-Franche-Comté et l’APEC, ce dispositif permet d’accompagner un public féminin en reconversion professionnelle de niveau bac à bac +8 vers les métiers du numérique.
  • Le financement est assuré par la Direction régionale aux droits des femmes et à l'égalité (DRDFE) et la DREETS Bourgogne-Franche-Comté.
  • Un bilan d'étape a été réalisé sur 4 éditions (3 achevées, 1 en cours). Il se traduit par : 
    • 45 candidates retenues,
    • 140 heures d’accompagnement répartis sur plusieurs modules (estime de soi, découverte des soft skills, découverte des métiers du numérique, accompagnement au projet professionnel, suivi individuel, bilan et mise en réseau),
    • 400 heures d’inclusion ou d’immersion dans 15 entreprises adhérentes de Numeum.

Concepts clés et définitions : #DREETS pour direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités