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Santé mentale : ces acteurs QVCT qui veillent sur les risques de burn-out

Le | Bien-être au travail

Les acteurs du marché (cabinets conseil ou start-ups dans la catégorie MentalTech) avancent en creusant le sillon du burn-out en entreprise. Voici un état des lieux.

Dossier QVCT et prévention du burn-out : une sélection d’acteurs (entre cabinets conseil et sta - © D.R.
Dossier QVCT et prévention du burn-out : une sélection d’acteurs (entre cabinets conseil et sta - © D.R.

Loin d’un effet de mode après la période Covid-19, la gestion de la QVT devient une tendance de fond pour les organisations.

Dans un contexte d’incertitudes économiques, de tensions géostratégiques (conflits en Ukraine, au Proche-Orient…) et de menaces terroristes, les nerfs de chacun sont mis à vif dans cette « permacrise ». Entre préoccupations individuelles et collectives, le monde du travail n’échappe pas aux tourments du monde tout court.

« À mon avis, le marché de la QVCT est un marché en devenir. Il y a encore du travail pour cerner les besoins des collaborateurs et des entreprises, avec le développement d’outils adaptés pour assurer la couverture fonctionnelle adéquate », explique Philippe Adalbert, associé en charge des activités de conseil chez HR Path.

Santé mentale : la gestion du burn-out devient le sujet de prédilection

Pour gérer les 6 dimensions de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail identifiées par l’ANACT : 

  • dialogue professionnel et dialogue social, 
  • organisation, contenu et réalisation du travail,
  • santé au travail,
  • développement des compétences et des parcours professionnels,
  • égalité,
  • projet d’entreprise et le mode de management.

Des cabinets conseil et de services spécialisés dans la QVT et des start-ups dédiées dans ces domaines développent des plateformes et des applications numériques livrées aux entreprises. Parfois sous des angles spécifiques comme la santé mentale en entreprise et/ou la gestion des risques psychosociaux (RPS) avec la prise en compte du burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel en français.

Ainsi, selon une enquête Empreinte Humaine et OpinionWay réalisée auprès de 2016 salariés français du 20 au 30 juin 2022, 34 % des salariés sont en burn-out, dont 13 % en burn-out sévère.

Plus de 2,5 millions de salariés subissaient un « burn-out sévère ». Trois fois le niveau d’avant crise Covid-19, selon le cabinet spécialisé sur les RPS et la qualité de vie au travail. Un niveau de détresse psychologique « inédit ».

Une vague de nouveaux acteurs est apparue entre 2020 et 2022 sur fond de pandémie, en bénéficiant d’investisseurs pour accompagner leur développement.

Partie 2 : QVCT : une sélection d’acteurs qui comptent

Les sociétés bien installées

Nom Positionnement Date de création Dirigeants
Eleas Cabinet conseil spécialiste du management de la QVCT et de la prévention des RPS 2003 Damien Delvaux
Empreinte Humaine Cabinet conseil spécialisé dans la promotion de QVCT qui accompagne les entreprises dans 3 domaines d’intervention : « bien-être » (gestion des RPS), « bien-vivre » (respect du travail), « bien-faire » (conduite du changement) 2012 Jean-Pierre Brun, Christophe Nguyen
Groupe JLO Cabinet conseil en RH expert de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) 2005 Jean-Luc Odeyer
Human & Work Groupe d’expertise sur les questions de santé psychologique au travail, de diversité et inclusion, de management des carrières et de développement du leadership 2016 David Mahé
Qualisocial Cabinet qui accompagne les DRH sur les questions de santé mentale et de bien-être au travail 2014 Camy Puech, Romain Legallais

Les acteurs émergents

Nom Positionnement Date de création Dirigeants Montants levés
Holivia Solution pour limiter les risques psychosociaux,  réaliser son plein potentiel, renforcer l’engagement individuel et développer la performance globale de l’organisation. 2020 Jérôme Crest, Imad Wakidi 2 millions d’euros (février 2022)
mindDay Solution pour limiter les RPS, adopter les normes RSE, formations et services de QVCT pour les sociétés 2021 Boris Pourreau, Jean-Baptiste Théard, Paul Vigneau, Hervé Montès, Frédérique Tofani 2 millions d’euros (juillet 2021)
moka.care Solution de prévention en santé mentale pour les  équipes 2020 Pierre-Etienne Bidon, Guillaume d’Ayguesvives 15 millions d’euros (mai 2022)
Moodwork Plateforme qui propose aux salariés des outils d’analyse, d’action et d’accompagnement pour améliorer leur bien-être au travail 2017 Benjamin Brion, Léopold Denis 2 millions d’euros (novembre 2019)
Teale Plateforme de santé mentale holistique 2021  Geoffroy Verzat, Nicolas Merlaud, Julia Néel Biz, Gilles Rasigade 12 millions d’euros entre février 2021 et août 2023

« Alors que le sujet de la QVCT était peu adressé par les entreprises, nous avons vu émerger de nombreuses start-up. Aujourd’hui, nous avons des acteurs historiques comme Moodwoork et, plus récemment, des acteurs comme moka.care, teale, Holivia », explique Alexandre Stourbe, directeur général du Lab RH, du nom d’une association de start-ups qui avancent dans le segment HR Tech.

Les solutions vont de plus en plus loin puisqu’elles ne se contentent pas d’observer le « mal-être des salariés », mais tentent d’apporter des réponses via du « coaching digital » et l’appui de « cellules de psychologues ».

En toile de fond, l’enjeu est de taille. « La santé mentale est un peu un sujet tabou. Pour les solutions digitales autour de la QVCT, une grande question est : comment établir un cadre de confiance pour que les salariés s’expriment ? », indique Alexandre Stourbe.

On observe déjà des premiers mouvements de concentration comme Alan (assurance complémentaire de santé), qui a acquis en septembre 2021 la start-up américaine « Jour ». Le but est de monter Alan Mind, une offre de services autour de la santé mentale, en complément de son domaine de prédilection.

Le champ d’action se situe désormais à un niveau européen. Ainsi, ifeel, créé en Espagne en 2017 par Amir Kaplan, Gabriele Murrone et Martin Villanueva, exploite « un système d’exploitation complet pour la santé mentale destiné aux entreprises et aux assureurs ou organismes de santé dans le monde entier ». La solution, qui s’articule autour d’outils de selfcare, disponible en 6 langues, dont le français.

MentalTech : un premier collectif de start-ups

Une initiative groupée comme le collectif MentalTech créé en mars 2022 par 7 start-ups fondatrices :
HypnoVR (thérapies par réalité virtuelle),
Kwit (application pour cesser de fumer),
moka.care (coaching en santé mentale),
Petit Bambou (méditation),
Qare (téléconsultation),
ResilEyes (accompagnement des personnes victimes de stress post-traumatique),
Tricky (prévention via des jeux).

Avec le postulat « L’union fait la force », le collectif vise à favoriser l’émergence et le développement de solutions numériques en santé mentale.

Le potentiel de développement et d’intégration

Les données, moteur de l’innovation et des promesses de la QVCT

« Notre mission est de démocratiser la santé mentale qui représente un coût moyen de 3000 euros par an et par salarié. Nous cherchons à réduire ce coût », indique Geoffroy Verzat, cofondateur de teale.

Avec 2 axes : 

  • l’accès du collaborateur à une application pour identifier leur indice de santé mentale et bénéficier de ressources pertinentes (thérapie digitale, experts…) ;
  • l’accès des responsables RH ou des managers à des tableaux de bord permettant de visualiser la santé mentale de leurs équipes afin de visualiser les risques, les attentes…

« Pour l’entreprise, la valeur de notre outil réside dans la récurrence de nos sondages et dans nos algorithmes qui produisent de manière anonyme des profils psychologiques et des niveaux de risques en fonction des différentes populations de l’entreprise. »

La prochaine étape sera de s’appuyer sur l’IA pour intégrer plus de données contextuelles permettant d’affiner les diagnostics mais aussi les prédictions.

Vers une intégration de plus en plus poussée dans le SIRH

« Aujourd’hui, ces applications sont encore des petites briques, qui évoluent à la marge des SIRH. Lorsque l’intégration sera plus poussée, la couverture fonctionnelle sera plus large et les résultats pourront être encore plus intéressants », souligne Philippe Adalbert.

Les éditeurs SIRH ont déjà créé des modules pour intégrer la QVCT, comme Lucca, Cegid ou Eurecia, en se concentrant sur les enquêtes et le reporting.

  • « On est encore a minima, mais je ne doute pas qu’en croisant ces données QVT avec d’autres données du SIRH, il pourra y avoir une meilleure prise en compte de la santé mentale en entreprise et aussi des actions plus cohérentes et efficaces.
  • Nous voulons faire du quantitatif avec du qualitatif. Dès que nous pourrons croiser les données de teale avec celles des SIRH, les entreprises seront encore davantage en mesure d’améliorer leur impact sur le bien-être des collaborateurs », indique Geoffroy Verzat.

Concepts clés et définitions : #Qualité de Vie au Travail ou QVT, #SIRH ou Système d'Information des Ressources Humaines