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Nick Hernandez, 360Learning : « La cartographie des compétences d’eLamp complète notre expertise IA »

Par Philippe Guerrier | Le | Lms

En acquérant eLamp, 360Learning veut conserver une longueur d’avance dans l’exploitation de l’IA appliquée à un LMS. Le point avec le CEO Nick Hernandez.

LMS, cartographie des compétences, et IA : Nick Hernandez (360Learning) et Olivier Rohou (eLamp) - © D.R.
LMS, cartographie des compétences, et IA : Nick Hernandez (360Learning) et Olivier Rohou (eLamp) - © D.R.

C’est le deal hebdomadaire de consolidation dans le paysage de la HR Tech française. 360Learning, qui exploite un LMS de portée internationale en approfondissant une approche de collaborative learning, acquiert l’éditeur français eLamp. Ce rapprochement s’inscrit dans la stratégie all-in-one de 360Learning visant à intégrer tous les besoins en formation des entreprises sur une seule plateforme.

Fondée en 2015 par Olivier Rohou, Florian Bojda, Jean-Baptiste Noachovitch, eLamp permet aux entreprises d’utiliser l’IA pour identifier et comprendre leurs écarts de compétences (« skills gaps ») et mieux y remédier. Elle dispose d’entreprises clientes comme Eurotunnel, Bouygues Construction ou Naval Group.

Implantée en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Allemagne, la société dirigée et cofondée par Nick Hernandez affiche un revenu récurrent annuel (acronyme ARR en anglais) de plus de 50 millions d’euros. L’objectif de doubler ce résultat d’ici fin 2025.

Nick Hernandez répond aux questions de RH Matin.

Quelle pointe d’expertise vous intéresse en particulier à travers le rachat d’eLamp ?

L’opération de rachat d’eLamp, qui a été bouclée début octobre, apporte une expertise complémentaire à 360Learning : une cartographie des compétences des personnes dans les organisations grâce à l’IA.

C’est une demande forte de la part de nos organisations clientes qui ont besoin de visibilité sur les compétences nécessaires aujourd’hui et sur celles de demain. Nous étions attentifs aux acteurs du marché de la cartographie des compétences depuis longtemps car nous avions une volonté forte de nous renforcer dans ce domaine.

Autre élément intéressant avec eLamp : la base de clients ou de prospects que nous avons en commun.

Comment se passe l’intégration au sein de la plateforme 360Learning ?

Dès aujourd’hui la solution eLamp est complétement intégrée et proposée à tous les utilisateurs de la plateforme 360Learning. Ce produit supplémentaire payant que nous proposons à nos clients traduit la continuité de nos investissements dans l’IA depuis 2 ans.

Dans l’expérience utilisateur globale, nous proposons désormais à la fois la cartographie pour détecter les écarts de compétences et les formations pour combler ces écarts.

La tarification à l’utilisateur, sur le modèle d’un abonnement SaaS, reste d’usage. Le prix pour accéder au module eLamp est similaire à celui déjà pratiqué par 360Learning.

Avec la vague IA en règle générale et l’IA générative en particulier, comment eLamp vient soutenir 360Learning dans son effort de développement ?

Nous avions déjà bien avancé sur la partie LLM.

eLamp, qui dispose d’une équipe globale de 25 personnes, a développé une IA portant sur la dimension prédictive pour comprendre les compétences des collaborateurs, celles associées à leurs intitulés de poste et les formations appropriées visant à réduire les écarts de compétences.

En ce qui concerne 360Learning, nous sommes vraiment positionnés comme une plateforme de formation basée sur l’IA qui demeure attachée à son approche de collaborative learning. Nous développons un mix technologique IA entre le machine learning et l’IA générative.

Nous avions déjà bien avancé sur la partie des grands modèles de langage (LLM pour Large Language Models en anglais) en disposant d’une équipe qualifiée d’une vingtaine de personnes. Nous avions commencé à recruter un trio d’experts un an avant l’émergence de la vague IA générative symbolisée par ChatGPT d’OpenAI.

Nous avons également signé un contrat avec la plateforme cloud Microsoft Azure pour avancer sur la partie IA générative qui intègre d’ailleurs une version de ChatGPT sécurisée et mise en conformité avec les normes européennes.

A propos du développement de 360Learning, comment avez-vous adapté le cadre de vos activités au ralentissement économique global qui a touché le secteur numérique ?

Nous avons ralenti le rythme de recrutement que nous avions pris en 2021 sans pour autant procéder à des suppressions de postes. L’effectif a été stabilisé autour de 400 personnes.

  • Pour prendre de la hauteur sur le développement de 360Learning, nous nous sommes d’abord concentrés depuis 2014 sur l’approche collaborative learning c’est-à-dire des solutions d’apprentissage pour les entreprises en mode collaboratif. Nous avons été le premier à adopter ce positionnement sur le marché.
  • Plus récemment, nous avons entamé une période d’innovation qui marque une certaine rupture et qui a été adoptée par une base globale de 1700 clients. Nous avons ajouté une dimension de gestion des compétences en nous appuyant sur les technologies IA. L’acquisition d’eLamp entre dans le cadre de cette stratégie.
  • Cette nouvelle phase de développement porte ces fruits puisqu’au deuxième trimestre 2023, portés par nos investissements dans l’innovation, nous avons dépassé 50 millions d’euros d’ARR.

Vous avez procédé à 2 acquisitions en 2 ans : Looop au Royaume-Uni et eLamp en France. Peut-on s’attendre à une autre opération de croissance externe d’ici la fin de l’année ?

Tout est possible. Je voudrais souligner la forte dynamique à l’international : l’expansion géographique de 360Learning passe notamment par les Etats-Unis devenus notre premier marché à l’international avec une centaine de collaborateurs aux profils de marketing et commerciaux distribués sur le territoire.

C’est rare pour une société technologique française d’y parvenir. Criteo (spécialisée dans la publicité digitale) est un cas d’école. Dans le digital learning, nous sommes le seul acteur français à effectuer une percée aux Etats-Unis. La tendance est plus souvent inverse.

Côté européen, nous avons aussi de belles réussites en Allemagne et en Angleterre.