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Recrutement des non-cadres sur Internet : un phénomène en hausse ?

Le | Site emploi généraliste

Les nouveaux usages d’Internet seraient-ils en train de changer la donne dans le domaine du recrutement des non-cadres ? Catégorie jusqu’ici moins choyée que celle des cadres sur la Toile, la voilà au centre de l’attention. Des sites de recrutement dédiés, des sites d’annonces gratuites en plein boom, des réseaux sociaux intéressés et des applications mobiles variées… État des lieux de ce marché du recrutement en expansion.

Recrutement des non-cadres sur Internet : un phénomène en hausse ? - © D.R.
Recrutement des non-cadres sur Internet : un phénomène en hausse ? - © D.R.

1 - Sur quels sites recrute-t-on les non-cadres ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le panel des sites emploi consacrés aux non-cadres est large. Entre les sites généralistes, les sites dédiés, les sites spécialisés, les sites gratuits et l’incontournable Pôle Emploi, les recruteurs ont le choix. Mais existe-t-il une stratégie pertinente dans la diffusion de ses offres ?

« Il n’existe pas de formule magique ou de recette miracle. Il y a des cas particuliers et des facteurs géographiques, générationnels et financiers à prendre en compte », expose Thierry Delorme. Pour définir la population des non-cadres, le directeur associé de l’agence ORC n’hésite pas à parler de « cible difficile à toucher et beaucoup plus protéiforme. » Le constat est là. Alors que le recrutement des cadres sur Internet transite par des carrefours d’audience relativement clairs pour la plupart des professionnels des RH, il n’en est pas de même pour celui des non-cadres. Pourtant, certains chemins tendent à se tracer.

Pôle Emploi, premier choix

On peut toujours trouver à redire mais le site de Pôle Emploi reste le site à privilégier dans la diffusion des offres d’emploi concernant les non-cadres. L’ampleur de sa diffusion est telle qu’un recruteur aurait tort de s’en passer. Avec 6,1 millions de visiteurs uniques par mois, le site de Pôle Emploi trônait une nouvelle fois à la tête du classement Médiamétrie des premiers sites emploi en France en février. « C’est la première étape. Le site est gratuit et parle à tous les demandeurs d’emploi », déclare Dan Guez, directeur associé d’Open Sourcing.

Les sites généralistes, toujours pour l’audience

Si l’on reste sur cette question de l’audience, les sites généralistes s’en sortent encore bien et demeurent connus des demandeurs d’emploi, à l’image d’un Monster, d’un RegionsJob ou d’un Keljob. « Ce sont des sites qui se sont complètement démocratisés chez 80 % de la population en France », fait remarquer Dan Guez. Tout dépend ensuite de l’ampleur que le recruteur souhaite donner à son offre et du budget dont il dispose. Un grand groupe aura tout intérêt à diffuser sur ces sites dans le cadre d’une campagne de recrutement à grande échelle. Pas sûr que la solution soit aussi pertinente dans le cas d’une PME à la recherche d’un profil ultra-localisé.

Les sites dédiés, même force

Complètement tournés vers les offres non-cadres, certains sites disposent également d’un beau volume d’audience et de bonnes références sur le marché comme Le Marché du Travail, récemment racheté par le groupe ATC, ou encore Qapa et son fameux outil de matching. Pour capter l’attention d’un marché jugé volatile, d’autres sites ont opté pour une plus grande spécialisation comme Jobtransport pour les professionnels de la logistique ou le tout récent Recrutement Restauration dédié aux professionnels de l’hôtellerie-restauration. L’enjeu pour ces plateformes étant bien entendu de se placer comme la référence sur Internet dans le secteur d’activité visé.

Les sites gratuits, nouveaux venus

C’était la surprise du classement Médiamétrie en 2012. Le Bon Coin faisait son entrée parmi les cinq sites emploi les plus visités. Il n’a pas fallu longtemps pour que d’autres lui enjoignent le pas comme VivaStreet qui développe depuis un an sa stratégie emploi, avec une rubrique dédiée (voir article suivant).

2 - Les sites d’annonces gratuits : nouveau carrefour d’audience

C’est sans doute le phénomène à suivre quand on parle de recrutement non-cadre. Depuis 2012 et l’arrivée du Bon Coin dans le classement Médiamétrie des sites emploi, les RH ont pris la mesure des sites d’annonces gratuits.

Retour sur ces nouveaux usages.

Cette année encore, Le Bon Coin se place parmi les sites emploi à la plus forte audience. Résultat 2013 : 1,8 million de visiteurs uniques par mois. Ce qui le classe en troisième position derrière Pôle Emploi, l’incontournable, et Indeed, le puissant agrégateur. Un succès prévisible, tant le site de petites annonces est devenu une référence en France. Aujourd’hui, avec près de 70 000 offres en circulation, Le Bon Coin a su d’abord capter les petites et moyennes entreprises, attirées par la possibilité de diffuser une offre gratuitement sur un support à forte audience.

Passage au payant ?

Un modèle freemium que le spécialiste des petites annonces a jusqu’ici gardé intact, préférant se concentrer sur l’amélioration de l’usage et des fonctionnalités. « C’est un outil extrêmement puissant avec de bons résultats », a pu remarquer Dan Guez, directeur associé d’Open Sourcing. Seule ombre au tableau pour le professionnel : la rentrée des données de l’annonce pas vraiment étudiée pour l’emploi. Mais de toute évidence, ces nouveaux modèles de sites sont plutôt bien accueillis. « Tout ce qui contribue à démocratiser les supports électroniques vers les populations non-cadres sont pour moi de chouettes initiatives », admet bien volontiers Thierry Delorme, directeur associé de l’agence ORC.

VivaStreet à la suite

C’est ce même créneau qu’a choisi d’exploiter VivaStreet il y a un an en développant une véritable stratégie autour de sa rubrique emploi. L’audience est au rendez-vous. Le site affichait en avril 1,1 million de visiteurs uniques. Après un large travail de communication autour de la rubrique, VivaStreet commence à bénéficier d’annonces qui se déposent naturellement et peut compter sur 30 000 nouvelles offres par mois. « Aujourd’hui, nous n’intégrons plus de nouveaux flux avec plusieurs centaines d’annonces afin de donner la priorité aux offres de PME », précise Julien André, directeur du développement du marché emploi de VivaStreet.

Contact simple et direct

Ce qui fait le succès de ces deux sites, c’est également la notion de proximité, si chère aux non-cadres en général. Ce n’est pas pour rien que 40 % des prises de contact suite à une offre d’emploi sur VivaStreet se sont réalisées par téléphone plutôt que par email. Sur Le Bon Coin, la majorité des recruteurs renseignent également leur numéro de téléphone, pour s’accorder aux usages des candidats. Les sites de petites annonces se posent ainsi dans la droite lignée de ce qui se faisait dans les journaux papier. Le support a changé mais la volonté de contact simple et direct reste. C’est ce qui semble avoir séduit beaucoup de non-cadres, aussi divers soient-ils.

3 - Applications mobiles : enjeu de taille pour le recrutement non-cadre

À la vitesse où les Français s’équipent en smartphone, il n’est pas étonnant de voir les applications mobiles liées à l’emploi se multiplier. Que ce soit la réplique de sites déjà existants ou de véritables applications pensées pour le téléphone, tous cherchent à tirer leur épingle du jeu, notamment auprès des profils non-cadres.

D’après Médiamétrie, plus de 24 millions de Français, soit près de 45 % des individus de 11 ans et plus, ont surfé sur Internet via leur téléphone mobile. Signe de comportements qui se modifient et tendraient à se généraliser, y compris auprès des catégories non-cadres. Là où les job-boards avaient eu de la difficulté à capter l’audience d’une population pas toujours assise derrière un ordinateur, voilà que le support mobile semble changer la donne. Pour cette population de plus en plus connectée et facilement accessible via un terminal mobile, les outils de recrutement se multiplient. Non seulement les grands noms de la recherche d’emploi y sont présents mais de nouvelles applications adaptées font également leur entrée. « C’est une opportunité sans précédent pour trouver des non-cadres. Ils sont prêts, ils l’utilisent. Sauf que je trouve que les recruteurs n’y sont pas assez », pense Dan Guez, directeur associé d’Open Sourcing.

L’avantage de la réactivité

RegionsJob, par exemple, s’est assez vite positionné sur le mobile. Aujourd’hui, sa dernière application lancée sur iPhone au début de l’année enregistre 3000 nouveaux téléchargements par jour en moyenne. De bons chiffres qui la classent parmi les 100 applications les plus téléchargées en France. Les utilisateurs semblent plébisciter un outil qui leur laisse la possibilité de postuler à une offre directement depuis leur téléphone ou de se l’envoyer par email. C’est justement ce que recherchent beaucoup de profils non-cadres : pouvoir gagner en réactivité dès qu’une offre intéressante se présente.

Le principe de géolocalisation

C’est en suivant ce même principe qu’a été pensé Beepjob, ce site d’annonces d’emploi gratuites et géolocalisées doublé d’une application mobile. Lancé en 2011, il comptabilise à présent 550 000 visiteurs uniques par mois et met à disposition 35 000 offres d’emploi en majorité destinées aux non-cadres. « Aujourd’hui, nous retravaillons toute la recherche et mettons en avant la géolocalisation dans le but de garder l’idée de trouver un boulot à côté de chez soi rapidement », explique Pierre Doublet, cofondateur de la société. Pour atteindre un plus grand nombre de candidats, Beepjob proposera aussi l’envoi d’annonces par SMS dès le mois prochain. « Clairement, le mobile devrait bientôt représenter entre 20 et 25 % de notre trafic. L’application reste un support important et les candidats y voient une vraie utilisation. La seule partie compliquée reste la candidature via le mobile par rapport au web », fait observer le dirigeant. Car à moins de remplir les champs au préalable, glisser son CV dans la CVthèque ou encore détenir un compte Viadeo ou LinkedIn, répondre à une offre peut prendre du temps. Un temps que les candidats n’ont pas forcément envie de prendre à écrire sur leur téléphone.

4 - Vivastreet : nouveau poids lourd sur le marché des offres d’emploi en ligne

 Depuis un peu plus d’un an, la rubrique emploi du site généraliste d’annonces gratuites Vivastreet.com connaît un véritable boom, avec une audience en hausse de 180 % au premier trimestre 2013. Son modèle freemium répond plus que jamais aux besoins des entreprises qui cherchent à recruter efficacement des profils non-cadres… à moindre coût.Pas moins de 200 000 candidatures générées chaque semaine !

Vivastreet.com rassemble aujourd’hui 2,1 millions de visites par mois et 1,1 millions de visiteurs uniques pour sa seule rubrique emploi. Un trafic monstre qui talonne les job-boards leaders du marché français. « L’audience mobile du site a également décollé, avec plus de 300 000 visites par mois au compteur » constate Julien André, Directeur du développement « emploi » de Vivastreet. Cette progression spectaculaire s’est accompagnée d’une hausse significative du volume d’offres en ligne, soit quelques 35 000 nouvelles annonces tous les mois, sur les 100 000 qui figurent sur le site au total. Quant aux candidats, ils semblent trouver leur bonheur sur Vivastreet puisque 800 000 CV transitent chaque mois par le site.

Un partenaire local pour l’emploi non-cadre

En France, 85 % des recrutements concernent des emplois non-cadres. Un profil qui correspond par ailleurs à 75 % de la population active. C’est justement sur ce créneau de l’emploi de proximité que Vivastreet s’est positionné. « Nous ne nous diversifierons pas ; nous sommes déjà face à un marché énorme » observe Julien André. La moitié des offres Vivastreet proviennent ainsi de 4 principaux secteurs d’activité : l’hôtellerie-restauration, le commerce-vente, le BTP et l’industrie. Parmi les 40 000 entreprises qui ont fait appel à Vivastreet pour recruter en 2012, on compte une majorité de TPE, mais aussi des grandes structures comme la SNCF ou la Gendarmerie nationale. « Les candidats recherchent avant tout un contenu local et de proximité. Notre force est de pouvoir leur proposer aussi bien des offres d’emploi du restaurant du coin, que du premier employeur de leur département, en passant par la mairie de leur ville » explique Julien André.

Un service simple et gratuit

Une entreprise peut poster une offre d’emploi en quelques minutes sur Vivastreet et recevoir dans la foulée ses premières candidatures. Le recruteur accèdera d’ailleurs facilement aux statistiques de performance de son annonce : le nombre de visualisations ou de prises de contact par exemple. Si le service est simple, les offres ne sont pas moins sérieuses : elles sont toutes vérifiées et, le cas échéant, adaptées au cadre légal français par une équipe de modération. Autre gros point fort de Vivastreet, et non des moindres, le dépôt d’annonce est totalement gratuit et sans engagement. Si un recruteur souhaite toutefois développer la visibilité de son offre d’emploi, il garde la possibilité de souscrire à des options, facturées 8,99 € à 29,99 €. Une annonce peut ainsi porter la mention « premium », « urgent », ou être positionnée en tête de liste de son secteur d’activité. Une aubaine pour les entreprises qui, face à la crise, souhaitent réduire sensiblement leurs coûts de recrutement.

Publi-reportage

5 - Recrutement via les réseaux sociaux : les non-cadres sont-ils prêts ?

Si les outils mobiles semblent une vraie réponse dans le recrutement des non-cadres, qu’en est-il des réseaux sociaux ? Facebook est-il mûr pour l’emploi ? Les réseaux sociaux professionnels séduisent-ils au-delà des cadres ? Et que penser des réseaux sociaux dédiés aux non-cadres ?

«  La plupart des médias sociaux sont surtout utilisés par les catégories socio-professionnelles supérieures et restent encore peu fréquentés par les non-cadres », a pu observer Thierry Delorme, directeur associé de l’agence ORC. Le seul à représenter l’ensemble de la population demeure Facebook, avec une répartition relativement homogène et hétéroclite. Au cours des dernières années, de nombreuses sociétés se sont positionnées sur ce réseau pour recruter (Work4Labs, BranchOut, Oh my job !, Jobvite, MyProPage…) avec quelques essais gagnants. « C’est d’abord un formidable outil de communication. Et il peut devenir aussi un formidable outil de recrutement. Il faut juste que le contexte soit propice », poursuit le responsable. Alors, les non-cadres sont-ils prêts à entamer des démarches d’emploi sur Facebook ? Aux États-Unis oui, en France peut-être pas encore. Malgré tout, quelques initiatives de grandes entreprises restent à souligner comme la campagne de recrutement menée par la Société Générale ou le travail de communication sur les métiers réalisé par Sephora. Mais de toute évidence, « le jour où Facebook décidera de monétiser l’emploi, cela devrait être important », présage Dan Guez, directeur associé d’Open Sourcing. 

Des communautés établies sur Viadeo

Du côté des réseaux sociaux professionnels, Viadeo, plus que LinkedIn, séduit aujourd’hui un peu plus les non-cadres. « Notre stratégie a toujours été d’être un réseau social professionnel généraliste avec la vocation de proposer des services à tous », déclare Olivier Fécherolle, directeur général stratégie et développement de Viadeo. Au fil du temps, des communautés se sont établies. Sur le blog « Recrutement médias sociaux », Jean-Christophe Anna s’amusait à les compter en novembre dernier : « 12 000 vendeurs, 10 000 infirmières, 2 000 maçons… soit bien plus que les profils Java J2EE et les 600 développeurs PHP. » De quoi changer de perspectives à certains recruteurs en recherche de candidats dans ces secteurs.

Des réseaux sociaux spécialisés

Enfin, que penser des tentatives de réseaux sociaux dédiés aux non-cadres comme celle de Worker.fr ? Lancé fin 2010 par les fondateurs du cabinet Open Sourcing, le réseau n’a pas vraiment décollé. « Nous avons une petite communauté de candidats et des réponses encourageantes. Mais par manque de temps et de moyens, nous l’avons un peu mis de côté pour le moment. Pourtant, l’idée reste intéressante car la population non-cadre est la plus importante mais la plus délaissée », précise Dan Guez.

Aurélie Le Caignec