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Comment gérer ses émotions en tant que recruteur ?

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On parle beaucoup du stress des candidats en entretien… mais rarement des émotions que peut ressentir le recruteur. Pourtant, quel professionnel RH n’a jamais été déstabilisé, exaspéré ou même charmé par une future recrue ? Simone Strickner du Cours Florent Executive nous donne des clés pour accepter ses émotions et les transformer en outil de prise de décision

Comment gérer ses émotions en tant que recruteur ? - © D.R.
Comment gérer ses émotions en tant que recruteur ? - © D.R.

Le problème : on ne prend pas au sérieux les émotions

On a tendance à considérer que les émotions n’ont rien à faire dans le monde de l’entreprise. C’est tabou. On préfère les étouffer. ʺPourtant, c’est une réalité commune à tous les êtres humains. Ne pas les traiter, c’est risquer de perdre la maîtrise de soiʺ, observe Simone Strickner. Sans compter que les recherches en neurosciences ne cessent de prouver que les émotions ont un impact direct sur la productivité.

Conseil n° 1 : acceptez de ne pas être de marbre

ʺAu théâtre, on sait que vouloir contenir le trac ne fait qu’amplifier le phénomène. Les acteurs doivent l’accepter comme quelque chose de normal, de sain, d’utileʺ, explique la professeure d’art dramatique. Il en va de même pour un recruteur : le stress ou la pression ne sont ni des sentiments contre-nature ni anti-professionnels. ʺEn revanche, cela devient intéressant à partir du moment où l’on en fait quelque choseʺ, insiste l’experte.

Pris d’une émotion : analysez-la aussitôt

Prenons le cas d’un recruteur, qui ressent de l’agacement pour un candidat. ʺLe professionnel doit décoder d’emblée ce qui l’énerve, ou autrement dit passer du jugement à l’analyse. Peut-être est-il énervé par le débit trop rapide de son interlocuteur stressé, par exemple ?ʺ  Car pour le RH, écouter ses émotions, c’est recueillir des informations sur le candidat lui-même. Cette analyse introspective permet à la fois de désamorcer la situation et de prendre une décision plus éclairée. ʺEn saisissant ses signaux faibles, le recruteur obtient une grande liberté d’actionʺ, constate Simone Strickner.

Gare aux émotions positives !

Quand on parle de gestion des émotions, on pense d’abord aux sentiments négatifs ou dangereux, comme la suspicion ou la jalousie. ʺMais dans le recrutement, le piège vient surtout des émotions positives qui cachent parfois une projection de soi-même ou des personnes que l’on aime bien. Le risque, c’est de passer à côté de l’essentielʺ, avertit Simone Strickner.  En somme, attention aux élans d’enthousiasme et aux coups de cœur pour un candidat !

En entretien, mettez-vous toujours dans une posture d’acteur

Plus que n’importe quel autre de ses collègues, le professionnel RH incarne son entreprise. Il peut donc difficilement se permettre de perdre la face. Pour se faciliter la tâche, il doit se convaincre qu’il n’est pas recruteur, mais qu’il joue le recruteur. ʺIl peut alors remplir son rôle avec autant d’authenticité et de sincérité qu’un acteur. Se mettre dans une posture qu’il peut quitter au terme de l’entretien lui permet d’adopter une distance critique par rapport à la situationʺ, conclut Simone Strickner.

Professeure d’art dramatique au Cours Florent, coach certifiée et diplômée de Science-Po Paris, Simone Strickner est Directrice déléguée à la pédagogie des Cours Florent et du Cours Florent Exécutive, qu’elle a co-fondé en 2012. Cette offre innovante de formation s’appuie sur les techniques et outils du théâtre pour développer les soft skills des « acteurs » de l’entreprise.

Gaëlle Fillon