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Tribune : Hidden Jobs dévoile le marché caché de l’emploi, par Isabelle Vrilliard

Le | Site emploi spécialisé

Il n’y a pas qu’en France que le marché de l’emploi recèle de nombreux postes cachés ne faisant pas l’objet d’une offre d’emploi. Aux US, Hidden Jobs fournit un outil simple pour scruter les médias à la recherche d’une partie de ces jobs, pas si secrets qu’ils en ont l’air

Tribune : Hidden Jobs dévoile le marché caché de l’emploi, par Isabelle Vrilliard - © D.R.
Tribune : Hidden Jobs dévoile le marché caché de l’emploi, par Isabelle Vrilliard - © D.R.

La communication corporate décortiquée en offres d’emploi

Outre-Atlantique, on estime à 80 % la part des postes à pourvoir ne faisant pas l’objet d’une offre d’emploi. Un chiffre très élevé, dont la source est au moins aussi cachée que les postes dont il est question, mais sur lequel il semble exister un étrange consensus dans la profession. Hidden Jobs veut aider les candidats à dénicher ces nombreux postes cachés.

Troublant de simplicité, l’outil fournit, pour l’état américain que vous choisissez, une sorte de tableau Excel à peine relooké contenant le nom de l’entreprise, la ville, le nombre de postes à pourvoir et l’article de presse permettant de l’affirmer. Ainsi, on peut découvrir qu’Apple ouvre 8 postes d’ingénieur à Orlando ou que Walmart ouvre un nouveau magasin et 90 postes dedans à Miami. Et surprise, les articles tirés de nombreux médias, souvent locaux, on ou off line, contiennent toujours une mention bien explicite des recrutements « à venir », et donc généralement pas encore en ligne. Ouverture de site, extension, nouvelles activités, les communications corporate sont décortiquées pour repérer les créations d’emplois.
Et comme qui dit Internet dit facilitateur, l’outil propose aussi un bouton d’accès direct aux résultats de la recherche « nom entreprise jobs » dans Google. Pourquoi tant de pub pour Google ? Parce qu’Hidden Jobs l’écrit noir sur blanc : ce n’est pas un job board. Ici, point de candidature. Juste une recherche maligne sur des annonces d’emploi pas encore listées. Si l’entreprise vous interpelle, charge à vous de vous renseigner, avec Google ou un autre, sur le détail des postes à pourvoir et sur l’espace recrutement de ladite entreprise pour envoyer votre candidature.

Qui importera ce nouveau service de recherche d’emploi ?

Le fondateur Chris Russel reconnaît que « l’approche est encore nouvelle pour les recruteurs et les candidats américains, mais dès que l’un d’eux l’utilise, il comprend tout de suite l’intérêt ». A raison de plus de 1000 téléchargements payants (0,89$ soit 0,65€) en un an d’existence pour l’appli Iphone, le site Hidden Jobs, pourtant gratuit sur Internet, envoie plus de 1 000 alertes par jour. Avec plus de 120 000 jobs dénombrés par l’outil, il y a de quoi élargir les perspectives de ceux qui cherchent. La jeune start-up financée en fonds propres envisage de renforcer la quantité des données contextualisées et de développer une application Androïd. Côté commercial, les recruteurs peuvent envoyer directement leurs communiqués de presse ou payer pour apparaître en tête de liste.

Certes, il ne s’agit pas du marché vraiment caché, celui où les recrutements sont volontairement tenus au secret pour cause de contexte délicat ou de préférence inavouée pour les recommandations internes. Néanmoins, sur le marché de l’emploi, ce service a le mérite de proposer tout à la fois nouveauté, simplicité et complémentarité avec ce qui existe déjà, à mi-chemin entre communication de recrutement et networking. Car une fois que le candidat a identifié les projets d’une entreprise, il ne lui reste plus qu’à en consulter les annonces et à activer son réseau, en connaissance de cause. Et peut-être accéder justement aux offres vraiment cachées : l’article parle d’une nouvelle équipe d’ingénieurs, bien, mais qu’en est-il du chef d’équipe ? En cours de recrutement peut-être.

Côté recruteur, on peut se demander quel est l’intérêt à être présent sur Hidden Jobs. Imaginons que pour une fois le candidat (répondant aux critères) a lu au moins un article d’actualité sur la société, imaginons qu’il a mené des recherches avant que son CV ne puisse effectivement atterrir dans une pile de candidatures, imaginons qu’il n’a pas répondu pour la vingt-cinquième fois à un poste stéréotypé trouvé dans une liste : est-ce que ça ne fait pas de lui un candidat motivé, faisant entrevoir un entretien plus enthousiasmant que la moyenne ?

En y réfléchissant, il serait peu étonnant, pour ne pas dire pertinent, de voir un service à la Hidden Jobs apparaître dans la barre d’outils d’un site d’emploi ou d’un réseau social. Ce serait filer un coup de pouce aux candidats pour leur permettre de donner le meilleur de leur motivation - et valoriser au passage la qualité du média à la source de ces candidatures.

A propos de l’auteur :
Isabelle Vrilliard a dirigé le site AVendreALouer.fr de 2011 à 2013, suite à un parcours exclusivement web à la tête des services marketing de Cadremploi.fr et ParuVendu.fr. Aujourd’hui expatriée en Floride, elle épluche les oranges et l’actualité de l’emploi en ligne américain.