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Les candidats, tous des menteurs ?

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Les trois quarts des CV reçus par les recruteurs ne reflèteraient pas la réalité et près d’un employeur sur trois ne ferait aucun contrôle de vérification, d’après une étude menée il y a un an par le réseau Florian Mantione Institut et décryptée lors du salon Solutions Ressources Humaines

Les candidats, tous des menteurs ? - © D.R.
Les candidats, tous des menteurs ? - © D.R.

Le CV peut-il encore être considéré comme le reflet du parcours d’un candidat ? Plus le temps passe et plus Florian Mantione, président du cabinet de recrutement éponyme, en doute… Menée auprès de 350 entreprises et 100 candidats en février 2013, la 7e édition de son étude  indique que 75 % des CV seraient trompeurs. Soit 5 % de plus qu’en 2009. Au hit parade des candidats malhonnêtes, figurent les commerciaux (cités par 75 % des entreprises), les managers (52 %), les techniciens et les ingénieurs (36 %) et les administratifs (26 %). Outre leurs diplômes, ce sont sur la nature de leur poste que les candidats se montrent les moins fiables. « Dans 56 % des cas, le poste occupé par le candidat ne correspond pas à la réalité. Certains managers remplacent l’intitulé responsable par directeur tandis que d’autres élargissent le secteur géographique qu’ils ont couvert en tant que commercial », constate-t-il. D’après l’étude, les postulants exagèrent leurs responsabilités dans 72 % des cas. Les langues étrangères, la rémunération réelle et l’adresse postale sont également des éléments sur lesquelles les candidats n’hésitent pas à enjoliver la réalité. Pour Florian Mantione, ce comportement est un problème dans le cadre d’un recrutement. « Un candidat qui rédige un faux CV peut avoir le même réflexe lorsqu’il remplit ses notes de frais ou fait un reporting », estime-t-il.

Internet déculpabilise les candidats

L’étude du réseau Florian Mantione Institut révèle, par ailleurs, que les professionnels RH ne vérifient pas systématiquement les CV qu’ils reçoivent. Un employeur sur trois n’y prête même aucune attention. Quand le contrôle existe, il s’opère le plus souvent auprès du précédent employeur (61 % des cas) ou des références professionnelles citées (38 %). Fait intéressant : la vérification du CV entraîne, une fois sur trois, l’élimination pure et simple du candidat. L’avènement du web explique, en partie, les comportements des chercheurs d’emplois. Habitués à postuler à une offre depuis les sites carrières des entreprises, les jobboards et les réseaux sociaux, les candidats semblent peu impliqués dans l’acte de saisir leurs informations professionnelles en ligne. « L’outil Internet a déculpabilisé les candidats, qui se sentent aujourd’hui plus libres devant leurs claviers », constate Florian Mantione. Avant de citer un paradoxe : « le défenseur des droits est très vigilant sur les informations demandées aux candidats. Pour autant, ces derniers sont exhibitionnistes sur les réseaux sociaux… Il nous est difficile, dans ce contexte, de faire la part des choses. » La crise a également exacerbé l’esprit de compétition des candidats, plus impatients que jamais à décrocher un poste pour lequel nombre d’entreprises requièrent, encore et toujours, un mouton à cinq pattes.

Aurélie Tachot