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« Dès 2016, Workday réalisera les paies françaises » Aneel Bhusri, co-CEO de Workday

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Workday est l'éditeur de logiciels RH le plus en vue du moment. Dave Duffield, qui a fondé PeopleSoft en 1987, a créé Workday en mars 2005, un an après le rachat de PeopleSoft par Oracle. Il s’est entouré alors d’une partie de son ancienne équipe dirigeante comme Aneel Bhusri, co-fondateur de Workday qui a piloté la stratégie de PeopleSoft entre 1993 et 2004

« Dès 2016, Workday réalisera les paies françaises » Aneel Bhusri, co-CEO de Workday - © D.R.
« Dès 2016, Workday réalisera les paies françaises » Aneel Bhusri, co-CEO de Workday - © D.R.

Workday, dès son lancement, misa sur la vague du SaaS pour les ERP chez les grands comptes. L’avenir lui a donné raison et ce nouvel entrant a réussi à se faire une place entre les deux géants SAP et Oracle. Des centaines de clients ont rejoint Workday depuis 2005, dont de grands noms comme Aviva, Nissan, Essilor US, LinkedIn, Yahoo…

Fort de ces premiers résultats, Workday a réussi une très belle entrée en bourse le 12 octobre 2012. L’opération, qui a valorisé Workday à 8 milliards de dollars, lui a permis de récolter 637 millions de dollars. Workday a poursuivi, depuis, son fort développement. Son chiffre d’affaires, pour son année fiscale s’achevant le 31 janvier 2013, a affiché une croissance annuelle de 104 % pour atteindre 274 millions de dollars. Les investisseurs ont apprécié. Introduite à 45 dollars, l’action Workday s'échange aujourd’hui à plus de 61 dollars, valorisant ainsi l'éditeur à plus de 10 milliards de dollars !

L'éditeur, qui veut démocratiser la révolution SaaS chez les grands comptes, a fait de l’Europe une de ses priorités. Son bureau ouvert à Paris en 2012 compte déjà 20 collaborateurs. Aneel Bhusri, le co-CEO et co-fondateur de Workday, nous a reçus lors de son dernier passage à Paris. Il a nous présenté la stratégie de Workday et ses ambitions pour le marché français.

Quelle est la philosophie de Workday ?

Notre approche est la même depuis notre lancement en 2005. Elle repose sur quatre idées simples. D’abord, proposer une solution en « vrai SaaS ». Un seul code, une seule application toujours à jour pour tous nos clients. Ensuite, offrir toutes les fonctionnalités d’un SIRH sur le Cloud. En 2005, nous étions les premiers à imaginer un Core HR intégralement SaaS. Troisième idée : travailler avec les grandes multinationales. Et enfin, créer des interfaces utilisateurs aussi simples et dynamiques que les interfaces de LinkedIn ou de Facebook.

Réussirez-vous à proposer un module Paie en France, malgré la complexité de notre paie ?

Nous lancerons notre solution Workday Payroll pour l’ensemble de nos clients français dès 2016. C’est une priorité pour nous. Nous avons de plus en plus de clients en Europe et ils nous demandent d’avoir une solution simple et unifiée pour gérer l’ensemble de leur process RH, de la gestion des talents à la paie.

Face à la complexité de la paie française, nous sommes confiants. Pour deux raisons. D’une part, notre solution Paie est déjà disponible aux Etats-Unis et au Canada. Et gérer la paie dans les 51 états américains n’est pas si simple. D’autre part, notre responsable paie en France est l’ancien responsable de la paie en France pour PeopleSoft. Il connaît donc son sujet…

Quelles sont vos ambitions sur le marché français ?

Nous espérons signer rapidement 4 ou 5 grands comptes. L’Europe est déjà un marché important pour Workday. Nous y réalisons plus de 10 % de notre chiffre d’affaires. C’est un marché où nous avons un fort potentiel de croissance. Nous pensons, dans les prochaines années, y réaliser 50 % de nos nouvelles signatures.

Notre approche est toutefois pragmatique. Nous attendons que le produit soit réellement prêt pour le vendre. Nous ne vendons jamais des modules qui ne sont pas développés. Nous allons ainsi monter en puissance progressivement.

A Paris, nous n’aurons pas qu’un simple bureau de vente. Nous allons diriger une partie de notre implantation en Europe depuis la capitale française. Nous aurons aussi rapidement une équipe de développement technique.

N’est-ce pas très difficile pour une grande entreprise de changer d’ERP et de faire ainsi une croix sur les millions d’investissements réalisés au cours des 20 dernières années ?

Déjà, nos clients nous rejoignent en général au moment de la mise en place d’une nouvelle version. Et cet « upgrade » demande un certain budget.

Ensuite, nous apportons une réelle nouvelle proposition de valeur. De plus en plus de grandes entreprises réalisent que le SaaS est l’avenir des progiciels et que leurs collaborateurs veulent des outils réellement intuitifs et simples. Workday est la solution pour répondre à ces nouveaux enjeux.

La mise en place très rapide de nos solutions et les mises à jour gratuites plusieurs fois par an offrent aussi un fort retour sur investissement que les responsables SIRH prennent en compte.

Pourquoi n’avez-vous pas racheté Taleo ou SuccessFactors ?

SuccessFactors est plus proche de nous sur le périmètre fonctionnel. La question ne se posait donc pas vraiment.

Pour Taleo, nous pensons qu’il est très difficile d’intégrer techniquement des solutions. Un tel rachat aurait été uniquement dans une stratégie financière d’acquisition rapide d’une base clients. Ce n’est pas notre philosophie. Nous préférons développer nos propres modules, parfaitement intégrés à notre suite, d’un point de vue des données, mais aussi de l’expérience utilisateur.

L’avantage de cette approche est de partir aussi sur les dernières technologies. Notre module recrutement, annoncé en novembre dernier, permet un vrai travail collaboratif et est intégralement disponible sur mobiles. Il combine aussi parfaitement le recrutement interne et externe. Nous n’aurions jamais pu atteindre ce niveau avec l’acquisition d’une solution développée sur une technologie plus ancienne.

Les terminaux mobiles sont-ils le support d’avenir pour les logiciels RH ?

Nous en sommes convaincus. Et dans notre stratégie de développement des solutions, les applications pour mobiles occupent une place à part entière. Nous n’adaptons pas nos solutions pour les terminaux mobiles. Nous développons nos modules naturellement pour les différents iPhone, iPad, terminaux Android… L’ergonomie et la facilité d’utilisation sont alors tout autre.

Nous ne facturons, aussi, aucun frais supplémentaires pour les applications mobiles. Leur utilisation est comprise dans nos prix. Notre objectif est que 90 % des fonctionnalités de nos solutions soient possibles sur un support mobile.

Après, nous pensons que certains usages resteront naturellement sur un ordinateur. Je n’imagine pas encore un responsable RH lancer les paies pour l’ensemble des collaborateurs de son entreprise depuis son iPhone.

Laurent Pilliet