Forum des Serious Games : cap sur l’innovation pédagogique

Morceaux choisis.
Gamify me ?
Points, badges, challenge, leaderboard… l’univers lexical du jeu est déjà fortement présent en entreprise….et ce n’est sans doute que le début. Jean-Noël Portugal, ancien dirigeant de Daesign et désormais consultant s’est livré à quelques réflexions prospectives. Selon lui, les prédictions des gourous américains de l’IT sont sans appel : au-delà de la dimension sociale, la décennie 2010-2020 sera celle de la gamification, notamment avec l’émergence de l’internet des objets. Bientôt, le jeu sera partout, il influencera profondément les comportements, y compris en entreprise. Ces évolutions génèrent déjà des peurs, parfois irraisonnées, selon l’expert. Certains redoutent par exemple que le jeu crée non pas de l’engagement mais de l’addiction. A contrario, les attentes générées par ces perspectives feront sans doute l’objet d’une désillusion à moyen terme…avant de trouver des usages porteurs de productivité. Patience donc. Au terme de sa démonstration, Jean-Noël Portugal livre ses conclusions : puisque le jeu restera une motivation en soi pour les collaborateurs (« une activité autotélique »), l’entreprise a tout intérêt à émanciper ses apprenants. Autrement dit, leur donner les moyens d’apprendre seuls en s’amusant.
Serious Game Store
Daesign conçoit depuis 10 ans des fictions interactives adaptées à la formation professionnelle. Particularité de l’éditeur : il développe ses serious games - dont 17 sont désormais disponibles sur étagère - avec le concours de grandes entreprises qui affinent les problématiques propres à chaque sujet : management, vente, relation client, bien-être au travail etc. Michelin, par exemple, a accompagné l’agence dans la conception du jeu générique baptisé « Mission antitrust ». Son Directeur juridique, Philippe Legrez, a en effet décidé de s’intéresser de près à la question pour éviter à l’entreprise de faire l’objet d’amendes pour non respect de la concurrence européenne. « Comment distiller les principes du droit de la concurrence à 3500 commerciaux généralement réfractaires aux questions juridiques ? » s’interroge-t-il. En rendant le message ludique. « Je ne crois plus à l’écrit en matière de formation. Le serious game, lui, est impliquant » explique-t-il. Quant à Orange, il a déjà participé à la conception de plusieurs jeux parmi lesquels « Collect’Or de l’Animation », désormais utilisé par d’autres entreprises, dont Natixis, également présent au Forum. Ensemble, les deux groupes travaillent par ailleurs avec Daesign et Air France sur le projet « M comme Manager » : un jeu évolutif qui s’enrichit chaque année de nouveaux scenarii. L’avenir du serious game ?
Gaëlle Fillion