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« Le recours aux réseaux sociaux va entrer dans les mœurs », Dan Guez

Le | Marque employeur

OpenSourcing a mené entre janvier et février une étude sur les pratiques de ses clients en matière de sourcing. Une centaine de recruteurs a ainsi été interrogée. Directeur associé d’OpenSourcing, Dan Guez commente les résultats et évoque l’importance grandissante des réseaux sociaux dans le processus de recrutement.

Que pensez-vous des chiffres sur l’utilisation des réseaux sociaux pour la recherche de candidats ? 46 % des recruteurs disent s’en servir…

Avant tout, il faut faire la distinction entre ceux qui les utilisent régulièrement et ceux qui ont juste tenté l’expérience une ou deux fois. Les recruteurs s’intéressent à ces réseaux, mais il ne s’agit pas de leur principal outil. En règle générale, ils les trouvent longs et compliqués. D’abord, ils ne permettent pas de contacter le candidat directement, le délai entre le moment où on tente de le joindre et celui où il répond est donc étendu. Ensuite il y a une forte déperdition : il faut envoyer de très nombreux messages pour espérer avoir quelques retours.

Selon vous, leur utilisation va-t-elle tout de même se développer ?

J’y crois profondément. Les réseaux sociaux se trouvent aujourd’hui dans la même situation que les jobboards il y a quelques années. Ils n’ont pas encore vraiment trouvé leur modèle et ils se heurtent au scepticisme de nombreux employeurs, puisque 31 % d’entre eux ne les utilisent pas du tout à l’heure actuelle. Mais les réseaux sociaux vont prendre de l’ampleur à l’image des jobboards devenus aujourd’hui l’un des principaux outils des recruteurs.

Viadeo
a déjà commencé à évoluer et il devrait continuer à s’adapter davantage aux besoins des recruteurs, tout comme LinkedIn. Quant à Copains d’avant, s’il ne s’agit pas d’un outil professionnel, il offre une possibilité de recherche par établissement scolaire qui peut être très utile lorsqu’on a besoin d’un profil avec une formation bien précise.

A mon avis, le recours aux réseaux sociaux pour le sourcing va entrer dans les mœurs pour une raison très simple : ils permettent de contacter des candidats qui ne sont pas forcément dans une démarche de recherche d’emploi. C’est un atout évident pour les postes difficiles à pourvoir.

Qu’en est-il des cabinets de recrutement ? Sont-ils menacés par ces nouveaux outils ?

Sans aucun doute. En fait, il y a un choc des générations. Le modèle des cabinets de recrutement est vieillissant. Il était valable à l’époque d’une grande utilisation de la presse écrite, quand les entreprises étaient prêtes à payer 15 à 20 % de la rémunération annuelle brute du poste pour trouver un candidat. Aujourd’hui, 48 % des recruteurs trouvent les cabinets trop chers, et 36 % n’y font pas du tout appel. Ils estiment que payer autant pour des CV que l’on peut trouver sur le Net est inutile. Selon moi, le modèle des cabinets de recrutement est destiné à évoluer. D’autre part, les cabinets de chasse gardent toute leur légitimité pour proposer aux recruteurs des candidats que l’on ne trouve pas sur Internet.

C’est d’ailleurs la raison d’être d’OpenSourcing : nous sommes une sorte d’hybride entre un jobboard et un cabinet. Nous nous chargeons du sourcing, mais pas du processus de recrutement. Cela fait gagner du temps à nos clients, puisqu’ils ne s’occupent pas de la recherche de candidats, et cela leur coûte moins cher qu’un cabinet de recrutement.

Quels sont les autres faits marquants de cette étude ?

Il y a deux chiffres qui m’interpellent. Tout d’abord, 83 % des recruteurs utilisent les annonces web tout en se disant dans l’ensemble très peu satisfaits de la qualité des retours. Je pense que c’est une question d’habitude et de méconnaissance du marché : lorsqu’ils auront appris à mieux maîtriser les autres outils, ce chiffre aura certainement tendance à diminuer.

Ensuite, ils sont aussi 16 % à passer encore des annonces dans la presse ! C’est beaucoup plus que ce à quoi je m’attendais. Je l’explique en partie par les marchés très locaux en région, où le web n’est peut-être pas très développé et où les recruteurs s’attendent à toucher davantage de candidats grâce aux journaux locaux. Mais cela devrait évoluer aussi.

Propos recueillis par Séverine Dégallaix