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LinkedIn : le nouvel Indeed ?

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Depuis presque un an, le réseau social LinkedIn agrège non seulement les offres d’emploi des sites carrières de plusieurs entreprises, mais aussi des jobboards français. Un tournant décisif pour le marché hexagonal : en faisant de la diffusion des offres d’emploi l’une de ses nouvelles priorités, le groupe américain pourrait concurrencer le méta-moteur Indeed, aujourd’hui leader

LinkedIn : le nouvel Indeed ? - © D.R.
LinkedIn : le nouvel Indeed ? - © D.R.

L’actualité est passée quasiment inaperçue en France. Et pourtant, elle pourrait bien bouleverser le marché du recrutement en ligne… En septembre 2014, le réseau social LinkedIn a fait ses premiers pas en tant qu’agrégateur d’offres d’emploi sur le marché hexagonal. En plus de référencer les opportunités d’emploi de certains sites carrières d’entreprises, notamment ceux de BNP Paribas, Allianz, Crédit Agricole, Cap Gemini et Deloitte, le géant américain agrège, depuis presque un an, celles de certains jobboards français. Une petite dizaine de sites emploi sont, jusqu’ici, concernés. Notamment cadremploi.fr, stepstone.fr, clicemploi.com, recrut.com, capijob.com, jobtic.fr, 1taf.com… Avec ce service gratuit, lancé trois mois plus tôt aux Etats-Unis, l’objectif de LinkedIn est de « créer des opportunités économiques pour les trois milliards de membres de la population active mondiale et ainsi offrir, à nos membres, l’accès à des opportunités de carrière pertinentes », explique Esther Ohayon, porte-parole de LinkedIn. Et, plus généralement, de poursuivre le développement de son fameux « graphe économique », sorte de cartographie du monde du travail.

De vives réactions de la part des jobboards

Lancé en toute discrétion en France, le service d’agrégation d’offres d’emploi de LinkedIn ravive le débat sur l’autorisation des méta-moteurs d’agréger les annonces des sites emploi du marché. Un sujet épidermique qui avait pris de l’ampleur, au début des années 2000, lorsque Cadremploi avait reproché à Keljob, jadis méta-moteur, de diffuser, sans autorisation, ses propres offres d’emploi. Quinze ans après, ce sujet franco-français cristallise toujours autant les tensions du côté des jobboards. « LinkedIn aspire nos offres d’emploi sans notre accord, commente Jean Pacra, directeur général de recrut.com. Je suis pour donner une visibilité supplémentaire à nos annonces, mais pas lorsque la décision est prise de manière unilatérale. » Face à ces réactions, loin d’être isolées, LinkedIn se tient droit dans ses bottes. Le réseau social américain indique qu’il ajoute « uniquement les offres d’emploi des entreprises et des jobboards qui autorisent leur agrégation. » Il n’exclut pas que certains ajustements pourraient avoir lieu ces prochains mois. 

Un nouveau concurrent pour les méta-moteurs

En agrégeant des offres d’emploi et en proposant des packs d’annonces à des prix compétitifs (139 euros la diffusion d’une annonce pendant 30 jours), LinkedIn se positionne de plus en plus comme un concurrent direct aux jobboards et aux méta méta-moteurs. Si l’assise technique de son service d’agrégation est solide et qu’il réussit à garder ses annonces à jour, le réseau social, qui a déjà bâti une des plus grandes CVthèques du web, pourrait faire du tort à Indeed, qui tient actuellement les rênes du marché en diffusant plusieurs millions d’annonces dans plus de 50 pays. Car, sur le papier, le groupe a toutes les cartes en main pour être performant. Notamment des moyens financiers : il a généré, sur le premier trimestre de l’année, un chiffre d’affaires de 638 millions de dollars, en hausse de 34 % par rapport à 2014. LinkedIn parviendra-t-il à prendre des parts de marché à Indeed ? Le lancement de LinkedIn Job Search, une application mobile dédiée uniquement à la recherche d’emploi, disponible en France depuis le début du mois de juillet, confirme en tout cas son intention de continuer son offensive… 

Aurélie Tachot