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Robots et recruteurs : que nous réserve le futur ?

Le | Intérim

Ils sont les chouchous des GAFA de la Silicon Valley… Crées il y a déjà une trentaine d’années, les robots s’apprêtent à envahir la sphère des ressources humaines. Majoritairement conversationnels, ces « bots » dotés d’une intelligence artificielle devraient s’imposer comme des assistants personnels capables de prendre le relai des professionnels RH sur des tâches à faible valeur ajoutée

Robots et recruteurs : que nous réserve le futur ? - © D.R.
Robots et recruteurs : que nous réserve le futur ? - © D.R.

On vous voit déjà, à la lecture de ce titre, imaginer R2-D2 en chargé de sourcing, RoboCop en consultant en prévention des risques psycho-sociaux et Wall-E en responsable de la formation… La réalité n’est pas si différente. « Les robots n’appartiennent plus qu’au domaine de la science fiction. Ils existent depuis les années 90 et ont été largement popularisés ces deux dernières années », constate David Bernard, co-fondateur d’AssessFirst. L’e-commerce et la relation client sont loin d’être les seuls secteurs impactés par l’avènement de cette intelligence artificielle. La société indienne Ramco Systems a annoncé, il y a quelques jours, la création de 22 « bots » dans le domaine des RH, essentiellement des robots conversationnels, capables de discuter avec des individus et de répondre à leurs questions. « Ces interfaces de dialogue vont permettre aux entreprises devant gérer de forts volumes de candidatures d’automatiser leurs systèmes et d’offrir à leurs candidats et leurs employés la possibilité d’accéder, 24h/24, à l’information personnalisée dont ils ont besoin », souligne Jean-Baptiste Audrerie, directeur marketing de SPB Psychologie Organisationnelle.

Les robots intègrent une dimension « humaine »

Grâce aux GAFA (Google Apple Facebook et Amazon) et aux éditeurs de logiciels RH, qui s’emparent peu à peu du sujet, les mises en application des « bots » sont déjà nombreuses dans la sphère des RH. « En se greffant à une base de données, les robots conversationnels peuvent, par exemple, renseigner les candidats sur le déroulement d’un processus de recrutement », illustre Mélanie Hache-Barrois, HCM Strategy Director d’Europe du Sud chez Oracle. Ces derniers peuvent aussi informer les salariés du statut d’une demande de congés, encourager les managers à remplir leurs documents de suivi après un RDV avec un membre de leur équipe, suggérer du contenu de formation en fonction des attentes d’un individu, sonder l’humeur et l’engagement des salariés en temps réel… Sur ce sujet, la plateforme canadienne OfficeVibe vient, par exemple, d’implémenter Léo, un robot qui interagit avec les salariés en leur posant des questions sur leur bien-être au travail : « Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? », « Comment évaluez-vous votre relation avec votre manager ? ». Au sein de la plateforme de messagerie collaborative Slack, qui dénombre déjà une trentaine de services robotisés, le « bot » Eve obéit aux ordres des salariés souhaitant scanner leurs notes de frais et les classer par catégorie. Autant de tâches purement bureaucratiques qu’adressent déjà les outils logiciels, diront les plus sceptiques. Certes. Mais à la différence de ces solutions, plutôt froides, « les agents conversationnels introduisent une dimension plus « humaine » aux échanges« , indique David Bernard.

Une opportunité pour les RH ?

Si les robots investissent de plus en plus la sphère des RH, ils ne sont pas prêts de remplacer les recruteurs pour autant. Les différentes expérimentations montrent que les « bots » ont beau être capables de faire des recommandations, ils sont loin d’être autonomes. Tay, le robot conversationnel conçu par Microsoft est un parfait exemple. Dénué d’un esprit critique, ce « bot » censé interagir avec les internautes sur les réseaux sociaux est devenu, en l’espace d’une journée, raciste, antisémite et misogyne ! Seule l’intervention humaine a permis de le re-paramétrer. Pour Jean-Baptiste Audrerie, l’émergence des robots dans la sphère des RH devrait redonner à la fonction une place de premier choix. « En confiant aux robots des tâches administratives, les professionnels RH vont pouvoir se concentrer sur des missions à haute valeur ajoutée. Les bots constituent, pour eux, une opportunité de se repositionner comme un acteur stratégique », estime-t-il. Une promesse séduisante, qui devrait être incarnée dès le printemps 2017, lorsque les éditeurs RH présenteront leurs premiers « bots ».

Aurélie Tachot