Recrutement
&
talents

Les agences d’intérim ont-elles réussi à s’imposer sur les CDI ?

Le | Intérim

Depuis 2005, les entreprises de travail temporaire (ETT) peuvent exercer une activité de recrutement en CDD et en CDI. Leur arrivée sur ce nouveau marché a-t-il été une réussite ?
« Pas réellement » affirment les cabinets de recrutement. Pour eux, l’intérim et la chasse de têtes sont deux métiers bien spécifiques exigeant des compétences très différentes. Les consultants des cabinets connaissent parfaitement les métiers pointus de leurs clients, ils analysent finement le profil recherché, ils veillent à l’intégration du candidat retenu au sein de l’équipe en place…

Les cabinets savent aussi où aller chercher les profils rares et comment les convaincre de changer d’entreprise. Une approche ultra-qualitative, à l’opposé donc, de la gestion quantitative des agences d’intérim qui réalisent de très nombreux placements par mois sur des postes souvent peu qualifiés.
Les agences d’intérim : pas aptes à faire le saut dans le recrutement de cadres en CDI ? En réalité, les choses ne sont pas si simples.

Les ETT sont des spécialistes de l’emploi. Elles savent en effet évaluer les besoins des entreprises et y répondent rapidement. Leur savoir-faire et leur réseau de contacts, aussi bien auprès des candidats que des employeurs, jouent en leur faveur. Leur puissance marketing aussi. Leur mutation est en cours et les premiers résultats sont très encourageants pour elles : elles ont effectué 45 000 recrutements en CDI en 2007, contre 26 500 en 2006 et 8 500 en 2005. Les agences d’intérim sont, de fait, devenues les premiers recruteurs en France !

Quant à l’image « pas assez haut de gamme » des agences d’intérim, force est de constater qu’elle fait partie des idées reçues. Les plus grands groupes, comme Adecco et Manpower, ont créé de nouvelles marques en lançant des entités spécialisées dans le recrutement en CDI, avec Adecco Experts ou Manpower Professional.

« Les PME en région n’ont pas été gênées par cette image de l’intérim, ajoute Arnaud de la Tour, PDG du groupe Minerve et président du syndicat professionnel des métiers de l’emploi (PRISME). Sinon elles n’auraient pas rapidement adopté ce service de recrutement pour combler leurs besoins sur du long terme ». Ce serait surtout dans le microcosme parisien que les cabinets de recrutement remportent la faveur des entreprises, au détriment des ETT…

Et la mutation ne ferait que commencer. Bientôt, peut-être, le terme d’intérim disparaîtra au profit d’« agences d’emploi ». C’est du moins l’objectif affiché du PRISME (professionnels de l’Intérim, services, métiers de l’emploi, association regroupant plus de 600 professionnels). http://www.prisme.eu

Propos recueillis par Claire Léraudat.