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Bulletin de paie simplifié : c’est l’heure du bilan !

Le | Législation paie

D’après un rapport remis à la Ministre du Travail Myriam El Khomri, le bulletin de paie simplifié semble obtenir les faveurs des salariés ayant participé à la phase pilote de 2016. Mis en place depuis le 1er janvier dernier dans les entreprises de plus de 300 salariés, ce nouveau modèle donne toutefois du fil à retordre aux responsables de paie. Point d’étape d’un dispositif qui sera étendu à toutes les entreprises d’ici 2018, parallèlement au prélèvement à la source

Bulletin de paie simplifié : c’est l’heure du bilan ! - © D.R.
Bulletin de paie simplifié : c’est l’heure du bilan ! - © D.R.

88 % de salariés satisfaits

En 2015, Jean-Christophe Sciberras, DRH France de Solvay, s’est vu confier la tâche d’animer un groupe de 10 entreprises pilotes au sujet de la simplification du bulletin de paie. Son compte-rendu, remis au gouvernement fin février, est positif. Il rapporte que 88,3 % des salariés ayant participé à cette phase pilote se déclarent satisfaits du nouveau modèle de leur bulletin : 23,3 % sont « tout à fait satisfaits » tandis que 65 % sont « plutôt satisfaits ». 85 % jugent cette nouvelle version « lisible ». Des chiffres à prendre avec des pincettes : le taux de réponse de l’étude a été de 14 % seulement.

« Un non-événement » pour les salariés ?

Abdelkader Berramdane, directeur de la veille législative chez ADP France tempère, lui aussi, les résultats de cette expérimentation. « L’objectif de la réforme était d’apporter davantage de clarté aux salariés sur le système de financement de la protection sociale. Pour autant, les modifications effectivement apportées les impactent peu dans la mesure où ils regardent surtout le montant brut et net de leur salaire. Pour la majorité d’entre eux, cette simplification, qui a d’ailleurs été abandonnée au profit du mot clarification, est donc un non-événement », estime-t-il.

Des simplifications encore attendues

A l’occasion de cette nouvelle mouture, une vingtaine de lignes ont été supprimées. Soit environ la moitié. La grande nouveauté réside dans la présentation des cotisations sociales, qui sont désormais regroupées par natures de risques (maladie, chômage, retraite…), et non plus par caisses. Une belle avancée aux yeux des salariés, mais qui mériterait d’être poursuivie. Plusieurs simplifications sont en effet attendues sur les lignes concernant la complémentaire santé et la retraite, qui ne précisent plus les noms des organismes collectant les cotisations, générant ainsi de l’imprécision.

Une charge de travail supplémentaire…

Côté entreprise, le bilan est plus mitigé. Sans surprise, « la mise en œuvre du nouveau modèle a complexifié le travail des responsables paie », indique Abdelkader Berramdane. Et généré un surcoût. D’après le rapport, il a fallu 63 jours aux entreprises pilotes (pourtant accompagnées d’un éditeur de logiciel de paie) pour s’adapter à la production de ces nouveaux bulletins. Leur feedback révèle que le temps dédié à la préparation de ce modèle ne doit pas être sous-estimé, les dysfonctionnements pouvant être nombreux, en particulier à cause des formats des fichiers informatiques.

… qui n’est pas prête de s’alléger !

L’actualité est particulièrement chargée pour les responsables paie. Après avoir dû digérer les premières phases de la DSN, la simplification et la dématérialisation du bulletin de paie, les évolutions liées à la pénibilité, « ces derniers doivent désormais se préparer à la mise en œuvre du prélèvement de l’impôt à la source, prévue pour l’année prochaine », rappelle Abdelkader Berramdane. Sur ce sujet aussi, le rapport Sciberras émet des recommandations : mentionner le montant qui aurait été versé avant l’impôt sur le revenu, afin de faciliter la compréhension du prélèvement à la source.

La communication, clé de la réussite

Pour faire passer la pilule auprès des salariés les plus réfractaires au changement, certaines entreprises pilotes ont multiplié les actions de communication pour présenter le nouveau bulletin de paie. Mails, intranet, affichages… Plus tôt les collaborateurs ont été informés, mieux la transition s’est déroulée, d’après le rapport. De tous les dispositifs d’informations testés par les entreprises, deux semblent faire l’unanimité : l’envoi d’une note explicative avec le nouveau bulletin de paie et le double envoi, c’est-à-dire l’envoi du même bulletin en deux versions différentes.

Aurélie Tachot