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Télétravail : les entreprises françaises passent à l’action

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Exit les projets, place aux expérimentations ! Alors que la France dénombre entre 4 et 4,5 millions de télétravailleurs, les entreprises sortent de leur phase d’évangélisation et se penchent plus concrètement sur cette nouvelle pratique qui impacte l’ensemble de leur organisation

Télétravail : les entreprises françaises passent à l’action - © D.R.
Télétravail : les entreprises françaises passent à l’action - © D.R.

En matière de télétravail, la France a longtemps accusé un retard substantiel par rapport à ses voisins européens. « Elle n’a désormais plus à rougir ! », résume Xavier de Mazenod, co-organisateur du Tour de France du télétravail, qui a fait étape à Paris les 24 et 25 juin derniers. Après avoir avancé à pas de souris, l’Hexagone accélère et s’intéresse plus volontiers aux enjeux du travail à distance. « Nous remarquons que les réflexions ont mûri et que les mentalités ont évolué. Les entreprises passent à l’action, y compris dans le secteur public », explique-t-il. L’allongement des temps de transport, la sensibilisation aux enjeux environnementaux, l’avènement d’une économie partagée et l’attrait de la jeune génération pour des environnements de travail agiles ont contribué à faire bouger les lignes.

Davantage d’accords d’entreprises

La filiale GDF Suez IT, née en 2013 d’un rapprochement des activités informatiques de GDF Suez en France et en Belgique, participe à ce nouvel élan. Dans le cadre d’un projet de transformation RH, l’entreprise signera, dans les prochaines semaines, un accord visant à encadrer le travail à distance. Comme beaucoup de sociétés, GDF Suez IT n’hésite pas à anticiper les risques de la pratique dans ses textes. « Nous souhaitons éviter que nos 700 collaborateurs travaillent de manière extensive, avec des plages horaires trop larges et qu’ils ne parviennent pas à séparer leur vie professionnelle et privée », précise Jean-Christophe Brochet, DRH de la jeune filiale. Fort de 2700 salariés, SGS Group est, lui aussi, ouvert à cette nouvelle forme de travail. « Pour étendre la pratique du télétravail, déjà plébiscitée de manière occasionnelle par de nombreux collaborateurs, nous avons signé un premier accord avec les syndicats en 2011. Aujourd’hui, 1300 salariés sont concernés par ce mode d’organisation. Nous avons pu faire des économies en fermant des agences qui n’accueillaient plus de clients et qui étaient coûteuses pour l’entreprise », raconte Francis Bergeron, DRH.

Plusieurs freins subsistent…

Si le télétravail semble gagner du terrain, il continue de se heurter à plusieurs obstacles. Ghislain Grimm, directeur du pôle consulting et R&D chez AOS Group, cite des freins technologiques, entraînant des questions liées à la confidentialité des informations échangées à distance, mais aussi des freins managériaux. « Lorsque nous avons commencé à expérimenter le télétravail dans nos équipes, suite à une étude visant à mesurer le taux d’occupation de nos bureaux, nous avons du sensibiliser nos managers car ils étaient bousculés à l’idée de gérer l’autonomie de leurs collaborateurs », raconte-t-il. Pour Baptiste Broughton, directeur associé de LBMG Worklabs, « ces freins devraient se lever à mesure que l’offre sera identifiée », notamment en matière de tiers lieux, au nombre de 650 en France.

Aurélie Tachot