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L’Oréal confie la présélection de CV à un chatbot

Le | Gestion des talents

L’Oréal poursuit ses expérimentations en matière d’intelligence artificielle ! Après avoir tenté, en vain, de confier la réalisation d’entretiens de recrutement à un robot, le groupe enrichit son site carrière d’une plateforme conversationnelle permettant de faire une présélection de candidats. Le succès est, cette fois-ci, au rendez vous : elle permet aux recruteurs de diversifier leur sourcing et de se délester de tâches à faible valeur ajoutée

L’Oréal confie la présélection de CV à un chatbot
L’Oréal confie la présélection de CV à un chatbot

L’équipe RH de L’Oréal accueille une nouvelle recrue : Mya ! Créé par la start-up Mya Systems, ce chatbot a pour mission d’améliorer l’efficacité de l’équipe RH du groupe sur le volet du recrutement. Comment ? En l’assistant sur la présélection de candidats. Une tâche chronophage pour le groupe, qui reçoit 2 millions de candidatures et recrute 5000 nouveaux collaborateurs par an. « Jusqu’ici, sur les postes générant de gros volumes de candidatures, nous avions tendance à sélectionner des profils qui se ressemblaient beaucoup. Pour éviter ce biais qui va à l’encontre de nos enjeux de diversité, nous nous faisons aider dans la présélection des candidats à Mya, qui, en posant des questions factuelles, réalise un premier tri », explique Eva Azoulay, directrice du Talent Acquisition du groupe L’Oréal.

« Une sélection impartiale »

Concrètement, Mya interroge les candidats afin de déterminer si leur profil correspond aux attentes du poste. Il les questionne sur leurs dates de disponibilité, leur localisation géographique, la langue qu’ils parlent, leur niveau d’études… Le chatbot est, par ailleurs, en mesure de répondre aux interrogations liées au processus de recrutement du groupe, à sa culture de travail, mais aussi aux questions plus épineuses sur les tests sur les animaux, l’engagement environnemental… « Grâce à cette sélection impartiale, les équipes RH du groupe étudient un nombre plus limité de candidatures et consacrent leur temps à des tâches à plus grande valeur ajoutée », précise-t-elle. Les entretiens de recrutement sont, par ailleurs, plus qualitatifs, les questions d’ordre pratico-pratique ayant été répondues par Mya.

Stagiaires et alternants

Déployé en France depuis le mois de septembre et bientôt dans 15 autres pays, ce chatbot interagit essentiellement avec les candidats briguant un poste de conseiller beauté ainsi qu’avec les étudiants en recherche de stages ou de contrats d’alternance (qui représentent entre 25 000 et 30 000 candidatures par an). Bref, avec les postes engendrant un volume de candidatures titanesque. « Pour que le chatbot soit pertinent, nous menons un gros travail de paramétrage. L’équipe de recruteurs construit la base de conversations, précise les pré-requis et adapte l’outil en fonction de leur pool de candidats et de leur campus. Cette mission leur permet de s’approprier l’outil, mais aussi de se projeter dans le futur de leur métier », raconte Eva Azoulay.

Diversifier son sourcing

En Chine, où le projet a vu le jour, Mya est également réquisitionné sur la partie assessment. Via trois questions ouvertes, le chatbot teste l’adéquation culturelle entre l’entreprise et les futures recrues. Une approche qui a permis à L’Oréal de diversifier son sourcing. « Auparavant, nous écartions les candidats issus des écoles que nous ne jugions pas prioritaires. L’intelligence artificielle nous a permis de nous ouvrir à une plus large variété de profils », indiquait Niilesh Bhoite, CDO des Ressources humaines de L’Oréal, à l’occasion du salon Unleash. Mya peut-il être considéré comme un assistant HR ? « En moyenne, un recruteur passe 45 minutes à sélectionner les CV, programmer un entretien de pré-sélection avec un candidat et le mener. Mya mène ce process en 4 minutes », expliquait-il.

Aurélie Tachot