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« Nous avons mis en place des process pour délégitimer l’autorité du manager », N. Hernandez, 360Learning

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360Learning s’est fait connaître grâce à une approche particulièrement disruptive de la formation professionnelle. Son succès, cette start-up de 40 personnes le doit aussi à un mode de management hors norme, qui refuse haut et fort l’autorité. Le point sur cette culture d’entreprise singulière, avec son co-fondateur, Nicolas Hernandez

« Nous avons mis en place des process pour délégitimer l’autorité du manager », N. Hernandez, 360Learn - © D.R.
« Nous avons mis en place des process pour délégitimer l’autorité du manager », N. Hernandez, 360Learn - © D.R.

Quel est votre regard sur l’entreprise libérée ?

L’entreprise libérée consiste à effacer les contraintes et la hiérarchie, à créer plus de transparence. Je constate toutefois que beaucoup d’entreprises s’intéressent  à cette approche pour de mauvaises raisons : elles veulent être sexy en matière de recrutement pour attirer les talents de la génération Z. Or, je pense que le premier enjeu de l’entreprise libérée, c’est la performance. Dans la culture geek, si une organisation est décentralisée, c’est d’abord parce que ça la rend plus solide. C’est le principe même d’Internet. Nous pensons que notre entreprise est plus forte si on décentralise les décisions. La structure pyramidale est inefficace, car elle crée des frottements et des pertes d’énergie. En réalité, je n’aime pas beaucoup cet adjectif « libéré » car il sous-entend qu’il faut supprimer des process et simplifier l’organisation. Or, c’est au contraire grâce à un raffinement des process que l’on peut créer plus d’autonomie et de confiance entre les collaborateurs.

Comment cela se traduit dans votre propre entreprise ?

Chez nous, nous ne parlons pas d’entreprise libérée mais de « convexity », en référence à notre courbe de croissance que l’on souhaite maintenir exponentielle. Nous avons mis en place des process pour délégitimer l’autorité du manager. Autrement dit, chez 360Learning, l’autorité n’existe pas. C’est la première chose que l’on dit à nos collaborateurs quand ils sont recrutés. Personne ne doit la subir ni l’accepter. On ne supprime pas les managers - car les collaborateurs ont besoin d’être guidés et challengés-  mais on refuse que quiconque puisse donner ou recevoir des ordres. Pour fonctionner, toute l’information doit être partagée et accessible par tous : les résultats financiers, la roadmap du site web, les lignes de code de notre application, etc. Cela demande beaucoup de travail en termes d’outils et de process, pour que tout le monde puisse avoir accès à tout - et donner son avis sur tout. Autre condition sine qua non : tous nos échanges et discours doivent être fondés sur du rationnel. Autrement dit, chacun doit expliciter très concrètement ce qu’il pense et pourquoi.  

Concrètement, quels sont les résultats ?

Nous avons fait un sondage. Nos collaborateurs estiment qu’ils sont  3 à 4 fois plus efficaces et productifs que dans leur entreprise précédente. Par exemple, en interne, les meetings sont interdits. Toutes les interactions de 360Learning avec nos collaborateurs, partenaires et clients avec  sont empreintes de ce mode de management. Nous venons d’emménager dans des nouveaux locaux de 950 m2 dans lesquels nous avons aménagé une salle de sieste, une salle de sport, des espace de méditation et une grande cuisine pour que toute l’équipe puisse petit-déjeuner ensemble. Nous voulons nous entourer d’êtres humains qui s’expriment, le plus possible. L’autorité, c’est la négation de cela.

Cela fait 3 ans que l’on travaille sur ce projet de culture. C’est un travail de fond.  Et nous avons encore beaucoup de challenges et de questions non résolues. Cette approche demande beaucoup de modestie.