Sirh

Start-up RH : ApiTalent pose les jalons de la mobilité inter-entreprises

Le | Gpec

Proposer à ses collaborateurs volontaires d’aller travailler ponctuellement dans une autre entreprise : cette idée disruptive commence à gagner du terrain. Face à un monde du travail en ébullition, l’entreprise élargie a de beaux jours devant elle. 3 questions à Julie Machillot, fondatrice d’ApiTalent qui met en relation RH et candidats à la mobilité inter-entreprises

Start-up RH : ApiTalent pose les jalons de la mobilité inter-entreprises - © D.R.
Start-up RH : ApiTalent pose les jalons de la mobilité inter-entreprises - © D.R.

Dans quel cadre déontologique et juridique s’inscrit la mobilité inter-entreprise ?

ApiTalent est né d’une réflexion sur les nouvelles tendances du marché du travail mené avec le pôle économique GPSO qui rassemble 8 communes de l’ouest parisien et plusieurs grands groupes. L’enjeu était de trouver un dispositif qui respecte à la fois les intérêts des salariés et des entreprises, en apportant davantage de flexi-sécurité. Nous avons donc défini 3 règles : le volontariat du salarié, le devoir de confidentialité du RH vis-à-vis du manager, et l’anonymat en externe. Sur la plateforme, les CV sont anonymisés. En aucun cas une entreprise ne peut contacter un candidat directement sans que toutes les parties n’aient manifesté leur intérêt. Quant au dispositif juridique, il est différent selon le type de mobilité choisie dans le cadre de l’accord tripartite. La mobilité temporaire est basée sur la Loi Cherpion de 2012 alors que la mobilité définitive s’appuie sur la Loi de sécurisation de l’emploi de 2013.

Qu’est ce que les entreprises ont à y gagner ?

ApiTalent s’adresse à deux typologies de RH : recruteurs et gestionnaires de carrière. Côté recrutement, notre plateforme diffuse des offres d’emploi, en lien avec les outils de Multiposting. L’enjeu consiste à remplacer un CDD par un contrat de mobilité temporaire ou définitive - et donc d’accéder à de nouveaux profils de candidats que l’on ne trouve pas sur les jobboards classiques. C’est aussi un levier de marque employeur, puisque l’entreprise peut proposer à ses candidats à la fois ses opportunités en interne mais aussi des perspectives de carrière dans son réseau étendu. La mobilité inter-entreprises permet en outre aux salariés de développer de nouvelles compétences. Nous avons eu le cas par exemple d’une chargée de relation client salariée chez HP qui a postulé à un poste de commercial chez Michelin. Elle a passé les entretiens, décroché le poste - malgré les doutes du manager au départ sur son expérience. Au final, elle a été la deuxième meilleure vendeuse pendant les 9 mois de sa mobilité - et elle est passée cadre quand elle est revenue chez HP. L’accompagnement du RH a été crucial !

Quel est le bilan d’ApiTalent 18 mois après le lancement ?

Nous avons été pionniers dans le domaine de la mobilité inter-entreprises. Aujourd’hui, nous comptabilisons 150 entreprises adhérentes, 300 salariés volontaires et 30 mobilités effectives - ce qui est plutôt positif. Nous proposons une licence d’adhésion pour les gestionnaires de carrière et une facturation au succès pour les recruteurs, avec une diffusion gratuite des offres. Au départ, nous nous sommes plutôt concentrés sur des populations « numériques » - car elles sont early adopters en matière de nouveaux modes de travail. Nous sommes désormais présents sur toutes les fonctions supports et souhaitons, à terme, élargir l’offre à toutes les cibles de salariés.

Gaëlle Fillon