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Neocase Software lève 6 millions d’euros : « Nous sommes une pétale de la marguerite HCM »

Par Philippe Guerrier | Le | Gestion des talents

L’éditeur français d’une plateforme cloud dédiée au HR Service Delivery a bouclé ce financement juste avant la crise. Le point sur son développement avec le CEO Didier Moscatelli.

Interview : Didier Moscatelli, CEO Neocase Software - © D.R.
Interview : Didier Moscatelli, CEO Neocase Software - © D.R.

Dans le vaste marché de la gestion du capital humain (HCM en anglais), Neocase Software se définit comme un expert en HR Service Delivery. Ce qui correspond à la manière de délivrer des services RH aux salariés ou comment la direction RH interagit avec les employés.
Sous la houlette de son CEO Didier Moscatelli aux commandes depuis janvier 2019, la société technologique, qui exploite une plateforme dans le cloud (mode SaaS), vient de boucler une levée de fond de 6 millions d’euros auprès des fonds d’investissement Entrepreneur Venture, Sofiouest et Iris Capital.

« Fin 2019, nous avions entamé la recherche de fonds et le choix des investisseurs avec des lettres d’intérêt reçues de Sofiouest et Entrepreneur Venture. Entre janvier et février 2020, en période d’audit réalisé dans la perspective de ce financement, la menace Covid-19 se précisait, mais elle n’a eu aucun impact sur l’opération bouclée le 13 mars, juste avant l’annonce officielle du confinement [qui a démarré le 17 mars]. Le business plan a été naturellement corrigé sur l’année 2020 en raison du nouveau contexte global, tout en conservant des ambitions de croissance de 20 % dans le SaaS », évoque Didier Moscatelli.

Neocase Software veut élargir son influence vers d’autres zones géographiques en visant les responsables en charge des systèmes d’information des entreprises de taille moyenne dans de nouvelles régions. « Nous visons le nord de l’Europe, notamment les pays scandinaves. Nous commençons à avoir des références en Suède. Nous voulons toucher aussi l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, l’Europe centrale comme la République tchèque et le Royaume-Uni », déclare Didier Moscatelli lors d’une interview réalisée avec notre média partenaire News Tank RH (extrait). 

Comment percevez-vous l’accélération de la digitalisation des services de ressources humaines ?

Avec le début de la Covid-19, nous avons mis sur le marché une solution gratuite d’entrée de marché pour les entreprises qui avaient besoin de communiquer avec ses collaborateurs en mode de travail à distance. Elle était disponible pendant 90 jours. Nous avons eu beaucoup de retours en termes d’intérêt suscité.

Nos solutions deviennent un « must have » sous l’angle HR Service Delivery [comment délivrer des services RH aux salariés ou comment la direction RH d’une organisation offre ses services et interagit avec les employés]. Nous sommes la seule société technologique française dans ce segment depuis que PeopleDoc a été acquis par Ultimate Software en 2018. Nous abordons le marché sous une dimension « best of breed » avec une plateforme HCM centrale qui gère l’administration de la paie ou les talents.

Nous sommes une des pétales de la marguerite pour faire du onboarding, du recrutement, etc. Nous avons des solutions de portail pour employéd, des bases de connaissances, de gestion des tickets RH (mais c’est plutôt réducteur).

Quel est le modèle économique de la plateforme de Neocase ?

Nous facturons à l’usage de notre plateforme en fonction du nombre d’employés et d’agents opérationnels. Pour déterminer le niveau de facturation, nous prenons surtout en compte l’accès au portail en fonction du nombre de personnes qui s’y connectent. Ensuite, nous avons des modules spécifiques comme l’Employee Document Management (EDM), qui correspond au coffre-fort électronique pour les employés qui donne la possibilité d’avoir accès à tous les documents le concernant (comme les bulletins de paie).

Comment avez-vous modulé votre rythme de recrutement en fonction de la crise économique ?

Nous disposons d’un effectif global de 150 personnes et nous continuons de recruter. Nous avons actuellement une douzaine de postes ouverts sur LinkedIn. Certes, il y en avait davantage avant la crise mais il faut contrôler les dépenses. L’effectif de Neocase va encore croître de 10 à 15 % cette année. La priorité est donnée à la R&D, à l’embauche de Customer Success Managers et d’experts dans le cloud et en technologies Microsoft en particulier. Nous sommes un éditeur logiciel partenaire (Independent Software Vendor ou ISV en anglais) important pour ce dernier.

Comment organisez-vous la phase de déconfinement au sein de votre entreprise ?

Nous avions l’habitude d’avoir un tiers de l’effectif qui était en télétravail. Nous avons tous basculé en travail à distance avec l’annonce du confinement (à partir du 17 mars). Nous avons trois implémentations : La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), Limoges (Haute-Vienne) et Boston (Massachusetts, USA). Jusqu’à fin juin, la consigne a été donnée à tous de rester en télétravail. Nous avons commandé des stocks de masques et de gel hydroalcoolique pour ne pas prendre de risques. Nos locaux sont fermés en l’état actuel. Nous verrons quand nous reviendrons dans l’enceinte de la société. En août ou septembre peut-être. Tout dépend de l’évolution de la crise sanitaire.

Je pense que nous allons changer d’organisation de travail après la crise avec davantage de collaborateurs qui travaillent à distance. Nous avions prévu de prendre un espace de 150 mètres carrés supplémentaires dans les locaux à La Garenne-Colombes. Nous allons probablement abandonner cette idée.

Deux tiers du CA de Neocase réalisés en Europe

Actuellement, un tiers du chiffre d’affaires de Neocase Software est réalisé aux Etats-Unis et deux tiers en Europe, dont la moitié réalisée en France (mais les résultats financiers ne sont pas communiqués). L'éditeur s’appuie sur un réseau dense de partenaires technologiques comme Workday, Talentsoft ou CoreHR et des intégrateurs comme CGI, TCS ou Sopra Steria. Il affiche plus de 150 clients opérant dans 180 pays, avec des références françaises comme Société Générale, Air France, Cap Gemini, Thales, Peugeot-Opel, AXA ou AG2R La Mondiale. L’éditeur s’appuie aussi beaucoup sur les technologies de son partenaire privilégié Microsoft pour le cloud avec l’adoption de sa platefome Azure mais aussi de ses solutions d’intelligence artificielle et de traduction automatique.