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Talentsoft : « La gestion du capital humain, une priorité des CEO »

Par Philippe Guerrier | Le

Jean-Stéphane Arcis, CEO et cofondateur de Talentsoft, fait le point sur les développements du fournisseur de solutions HCM dans le cloud qui arrive à une période charnière.

Jean-Stéphane Arcis, CEO et cofondateur de Talentsoft - © D.R.
Jean-Stéphane Arcis, CEO et cofondateur de Talentsoft - © D.R.

C’est une barre symbolique que Talentsoft s’apprête à franchir en 2020. Le fournisseur français de solutions de gestion des talents (HCM en anglais) dans le cloud vise un chiffre d’affaires à 100 millions d’euros. Pour 2019, il affiche déjà un CA légèrement supérieur à 80 millions d’euros (+32 % par rapport à l’année 2018). Et l’activité devient rentable en affichant un Ebitda positif.
« C’est une première en France pour un acteur pur SaaS : nous cassons le plafond de verre de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires », déclare Jean-Stéphane Arcis, CEO et cofondateur de Talentsoft, à notre média partenaire News Tank.
Que de chemin parcouru depuis la création de la société technologique parisienne en 2007 par un trio d’entrepreneurs intégrant Alexandre Pachulski et Joël Bentolila. En cumul, l’éditeur ambassadeur de la French Tech a levé 96 millions d’euros (dont 45 millions en janvier 2019).
« Notre modèle devient pérenne : nous démarrons l’année 2020 avec 70 % du business assuré », évoque le dirigeant de Talensoft. Son portefeuille est composé de 2200 clients et de 11 millions d’utilisateurs. En 2019, l’éditeur revendique 230 nouveaux clients et 100 nouvelles marques (Orange, Stokomani, TDF) dans plus de 50 pays. 

Que représente le business généré en France par rapport à votre expansion géographique ?

Notre plateforme est désormais disponible en 27 langues. En termes de nombre d’utilisateurs, nous en disposons un peu plus hors de France : 55 % des 11 millions d’utilisateurs de Talentsoft. Par exemple, Orange et Total sont des clients français, mais le nombre d’utilisateurs de notre plateforme est plus important pour ces groupes hors de France. Mais, si l’on retient l’angle des contrats signés avec des groupes français, la France représente 35 % des revenus récurrents générés. C’est important de constater que des grands groupes comme Crédit Agricole ou Bolloré n’hésitent plus à adopter des solutions de la French Tech pour le déploiement de projets ambitieux.

Comment répartir la clientèle de Talentsoft par secteurs d’activité ?

La gestion du capital humain se trouve en haut de la pile des dossiers prioritaires des CEO, quel que soit le secteur d’activité de leurs sociétés. Cette vague ressemble à celle vécue il y a quelques années autour de gestion de la relation client (CRM).
Nous pouvons citer comme références des groupes comme Les Mousquetaires en France ou Jumbo aux Pays-Bas. Dans le secteur du transport, nous pouvons mettre en avant des acteurs comme DB Schenker en Allemagne ou Geodis en France. Le secteur industriel au sens large représente environ 30 % de notre chiffre d’affaires.
Dans le secteur public, nous avons Pôle emploi ou La Place de l’emploi public [qui propose des offres d’emplois publiées par les employeurs des fonctions publiques d'État, territoriale et hospitalière] mais aussi la municipalité de Copenhague (Danemark). Le marché du secteur public s’est animé à partir de 2017. Il représente 15 % de notre chiffre d’affaires, mais il est en très forte croissance. Nous avons fait aussi un gros travail sur les cibles et les tailles des projets en lien avec la mise à l’échelle de notre infrastructure technologique.

Comment élargirez-vous le spectre des fonctionnalités de la plateforme Talentsoft ?

Nous avons deux axes vraiment excitants à suivre en 2020. Nous menons des bêta tests dans ce sens avec nos clients :

  • l’intégration avec l’outil collaboratif Microsoft Teams. Nous voulons changer la manière dont les managers et leurs collaborateurs travaillent à travers un module récemment développé et baptisé « Conversation continue » pour suivre les objectifs, les forces et les faiblesses des équipes. Nous recherchons la parfaite intégration : tout ce qui se fait depuis Talentsoft pourra se faire à travers Microsoft Teams ;
  • La mise à disposition d’un assistant RH avec l’exploitation du big data que nous réalisons de notre côté. Nous suivons l’ensemble du parcours du collaborateur de manière anonyme en effectuant une opération de matching avec les opportunités agrégées au niveau de l’organisation (postes à pourvoir en mobilité interne, projets en cours, propositions de formations…). Ce module Talentsoft Match tire profit du machine learning. Pour augmenter l’efficacité du manager ou du collaborateur, nous avons une demi-douzaine de pistes d’usages d’intelligence artificielle sur lesquelles nous travaillons.

Cornerstone a récemment annoncé le rachat de Saba. Que vous inspire ce rachat ?

Ce rapprochement m’inspire trois choses :

  • Cette opération déportera encore plus le centre de gravité de Cornerstone vers les États-Unis car Saba réalise 90 % de son chiffre d’affaires sur ce marché ;
  • Il y a une complexité à gérer dans le catalogue de Cornerstone, qui doit jongler entre quatre produits : les siens, ceux de Halogen, de Saba et de Lumesse ;
  • Financièrement, l’opération est gonflée. Cornerstone, qui réalise un chiffre d’affaires de 500 millions de dollars, va s’endetter. Il met tout son cash disponible dans l’opération (300 millions de dollars) et il emprunte un milliard de dollars, donc le double du chiffre d’affaires. La Bourse a immédiatement sanctionné ce mouvement. La valorisation est passée de 3,5 milliards de dollars à 2,5 milliards.

Les zones de croissance de Talentsoft

Talensoft, qui dispose d’un effectif de 700 collaborateurs sur neuf implantations (essentiellement en Europe), a déterminé quatre zones géographiques pour développer le business en 2020 :

• Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) ;
• Pays nordiques (Suède, Danemark, Norvège) ;
• Zone Dach (Allemagne, Autriche, Suisse) ;
• Royaume-Uni.

La plateforme de gestion du capital humain, exploitée en mode SaaS, est disponible en 27 langues.