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La formation ? Pas une priorité pour les DRH…

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La formation peine à se hisser au rang de priorité stratégique dans les entreprises : tel est le constat - relativement amer - que dresse la nouvelle édition du baromètre Cegos, réalisée en avril et mai derniers dans cinq pays

La formation ? Pas une priorité pour les DRH… - © D.R.
La formation ? Pas une priorité pour les DRH… - © D.R.

La formation vue sous le prisme administratif

Au-delà des beaux discours, la formation revêt-elle une dimension vraiment stratégique pour les entreprises ? La réponse est non, d’après le baromètre de Cegos, réalisé dans cinq pays (France, Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne et Italie), auprès de 600 DRH et responsables formation et 2500 salariés. L’attention des sondés semble plutôt se concentrer sur le volet administratif. Seuls 27 % des DRH et responsables formation (RF) citent le renforcement du lien entre la politique formation et la stratégie de l’entreprise comme étant un objectif prioritaire. Un pourcentage qui chute à 20 % pour la France, qui enregistre la plus faible valeur observée dans l’étude. Les DRH et RF britanniques apparaissent comme les plus ambitieux : 57 % considèrent le fait d’attirer et de fidéliser les talents comme très prioritaires, contre 38 % des français.

Des salariés peu accompagnés dans leurs parcours

Si les salariés européens sont satisfaits des formations suivies, ils se sentent peu accompagnés dans leurs parcours. « C’est une question qui divise », note Mathilde Bourdat, experte du management de la formation chez Cegos. Et pour cause : 22 % des salariés disent être systématiquement accompagnés par leurs managers avant la formation tandis que 50 % des DRH assurent qu’ils le sont. Un écart de perception qui concerne également le retour de la formation : 18 % des salariés disent être reçus en entretien pour décider d’un plan de mise en œuvre des compétences acquises. Un avis partagé par 43 % des DRH et RF. Les préférences des salariés ainsi que des DRH et des RF sont également opposés. En France, 62 % des salariés préfèrent les parcours de formation individualisés alors que 54 % des équipes formation plébiscitent les actions collectives.

Le lent recul du présentiel se confirme

Tous pays confondus, la formation en salle, en groupe, avec un formateur, semble doucement ralentir au profit de la formation à distance, en ligne, via des modules ou des classes virtuelles, qui est pourtant la modalité qui répond le moins aux attentes des salariés. « Les entreprises européennes sont désormais bien engagées dans une démarche de digitalisation de leur formation, même si la France, où la culture présentielle est forte, est en léger retrait », décrypte Eric Segonds, manager du pôle d’expertise Formation chez Cegos. En effet, 65 % des salariés espagnols disent avoir bénéficié d’une formation e-learning, contre seulement 29 % des Français. Pour l’apprentissage à distance, chaque pays a ses préférences. Les salariés français semblent être adeptes des modules e-learning tandis que les allemands plébiscitent les classes virtuelles et les espagnols les MOOC.

Une confiance prudente dans la Réforme

« Le regard porté par les DRH, les RF et les salariés français sur la Réforme de la formation professionnelle et ses impacts est teinté d’un optimisme encore prudent », constate Mathilde Bourdat. Près d’un DRH et RF sur deux pense qu’elle va développer la formation interne. Dans une grande majorité, ces derniers déclarent avoir l’intention de compléter le financement du Compte personnel de formation pour les coûts qui ne seraient pas pris en charge par les OPCA. Les salariés sont toutefois moins confiants dans l’efficacité de cette mesure : seuls 23 % pensent que le CPF va contribuer au maintien de l’employabilité des salariés les plus fragiles, contre 37 % des DRH et RF. « Comme l’an dernier, ce sont les moins diplômés qui se montrent les plus pessimistes. La Réforme ne semble donc toujours pas avoir trouvé ses publics prioritaires », conclut-elle.

Aurélie Tachot