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Espionnage industriel : les pièges auxquels vous ne pensez jamais

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Et si vous étiez la cible d’agents secrets ? Un scénario fantasque pour la majorité des DRH et des DSI, qui sous-estiment largement les risques liés à l’espionnage industriel. Et pourtant, selon Chems Akrouf, Fondateur de RensForm International et ex-officier des services de renseignements, beaucoup d’entreprises sont espionnées sans le savoir

Espionnage industriel : les pièges auxquels vous ne pensez jamais - © D.R.
Espionnage industriel : les pièges auxquels vous ne pensez jamais - © D.R.



  • La poubelle, l’imprimante, le post-it…

A l’occasion d’un audit de sécurité, Chems Akrouf a envoyé une personne de son équipe en tenue de technicien de surface dans les locaux d’une entreprise qui suspectait un de ses concurrents d’accéder à ses données stratégiques. « Il n’a eu aucun problème pour passer le contrôle de sécurité à l’entrée, il a ramassé le contenu de toutes les poubelles remplies de documents sensibles. Il a imprimé des fichiers qui étaient dans la mémoire des imprimantes. Il a accédé aux sessions des PC des collaborateurs dont les codes étaient inscrits sur des post-it. Nous avons laissé des clés USB infectées sur les bureaux des salariés : au bout de 2 semaines, on recensait 40 connexions »  raconte l’expert. Effrayant.

  • L’offre d’emploi

Si vous recrutez un chef de marché qui parle portugais et justifie d’une expérience opérationnelle en Amérique latine dans le secteur pharmaceutique, par exemple, vous risquez de mettre immédiatement la puce à l’oreille de vos concurrents sur votre projet de développement au Brésil. « Les descriptions de poste contiennent souvent des informations clés. Attention à ne pas trop en dire » conseille Chems Akrouf.

  • Le wifi public

Dans les hôtels, sur les salons, dans les aéroports : se connecter à un réseau wifi public est devenu une pratique quasi-quotidienne. Or « il est très facile, pour ceux qui savent le faire, d’accéder aux données présentes sur vos ordinateurs portables, smartphones ou tablettes. Il ne faut jamais se balader avec des documents sensibles lorsqu’on est en mobilité » suggère Chems Akrouf. 

  • Les rapports de stage

Il n’est pas rare que les jeunes diplômés utilisent leur rapport de stage comme une pièce à part entière de leur dossier de candidature à un poste. « Les entreprises mal intentionnées convoquent d’ex-stagiaires en entretien pour mettre la main sur des infos clés sur leurs concurrents » assure l’expert. Seul rempart à envisager : faire viser les mémoires et rapports de stage par la DRH avant validation.

  • Les fournisseurs

Parfois, vos sous-traitants travaillent également pour vos concurrents. Quand ils ont accès aux données depuis des années, via les collaborateurs ou des messageries communes, ils peuvent être des espions de luxe pour la concurrence. « Partagez avec eux uniquement ce qui est utile. Quand on ne sait pas, on ne peut pas répéter » insiste l’ex-officier des renseignements.

  • Les logiciels gratuits de traduction

Qui n’a pas déjà copié-collé un document rédigé en langue étrangère dans Google Translate ? « La majorité des logiciels de traduction en ligne sont gratuits car ils revendent les données. De plus, certains mots-clés sont automatiquement transmis à la NSA aux Etats-Unis. Mieux vaut opter pour un programme payant mais sécurisé » conclut Chems Akrouf.


Parachutiste de l’Armée de Terre puis Officier de renseignement, Chems Akrouf a occupé différentes fonctions au sein du Bureau de lutte anti-terroriste, où il a notamment été en charge du recrutement des agents de renseignement. Il quitte l’armée fin 2011 pour créer 
RensForm International, avec l’objectif de transposer le savoir-faire du renseignement au profit des entreprises, en matière de formation, de recrutement ou d’intelligence économique.

Gaëlle Fillion