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Un employé sur quatre en burn-out ?

Le | Bien-être au travail

Si les mutations de leur entreprise semblent bien acceptées des collaborateurs, elles laissent planer des risques sérieux en matière de dialogue social et, surtout, de santé au travail, d’après la 17e édition du Baromètre « Climat social et qualité de vie au travail », dévoilée ce jour par le groupe Cegos

Un employé sur quatre en burn-out ? - © D.R.
Un employé sur quatre en burn-out ? - © D.R.

Le climat social se dégrade depuis un an

Commençons par les bonnes nouvelles. D’après le Baromètre de Cegos, mené en juillet et août 2015 auprès de 1204 salariés, managers, DRH et responsables RH, l’ambiance de travail au sein des entreprises semble au beau fixe : 69 % des salariés et 83 % des managers sont satisfaits de leur environnement de travail (bureau, bruit, agencement…). Une réjouissance qui a une incidence directe sur leur fierté d’appartenance, qui s’affiche, elle aussi, à des niveaux élevés : 74 % du côté des salariés et 90 % du côté des managers. Pour autant, rien ne laissait présager ces bons résultats. Surtout pas la dégradation du climat social, qui se poursuit depuis un an pour 42 % des salariés, 50 % des managers et 34 % des DRH et RRH, d’après Cegos. Une dissonance que Catherine Lainé, consultante senior chez Cegos, explique : « il existe un contraste entre la perception plutôt positive qu’ont les salariés et les managers de leur travail quotidien et la vision plus nuancée de la marche de leur entreprise et du monde du travail. » Autrement dit : « c’est le sentiment d’une entreprise décloisonnée et parfois déshumanisée qui domine », ajoute-t-elle.

Les risques psycho-sociaux gagnent du terrain

Sur ce point, le Baromètre tire la sonnette d’alarme : comme en 2014, six salariés sur dix disent subir un stress régulier dans leur travail. Son niveau d’intensité a gagné 34 points en l’espace d’un an côté salariés et 38 points côté managers. En cause : la charge de travail, jugée trop importante pour les deux catégories de sondés. Un phénomène bien connu des professionnels RH, qui sont 66 % à considérer que leurs salariés subissent un stress régulier. Plus grave : un quart de la population interrogée déclare avoir subi, au cours de sa carrière, un problème psychologique grave, de type dépression ou burn-out, d’après Cegos. Une même proportion dit avoir déjà été victime d’harcèlement moral. Pourtant, les entreprises disent s’emparer du chantier de la qualité de vie au travail. Près de 60 % des DRH et RRH ont déjà mis en place des actions de prévention des risques psycho-sociaux. « Celles visant à renforcer la communication, la coopération et à donner des perspectives d’évolution sont en tête des actions mises en place. Tout comme le droit à la déconnexion, qui gagne du terrain », décrypte Virginie Loye, responsable des formations RH chez Cegos.

Les représentants du personnel sur le banc de touche

Parmi les autres priorités des professionnels RH figure l’instauration d’un dialogue social en interne. Car cette année, les résultats du Baromètre font état d’une crise de confiance. « L’efficacité des actions conduites par les représentants du personnel en cas de litiges individuels est mise en doute par les salariés et les managers », illustre Virginie Loye. Par ailleurs, seuls 28 % des managers ont confiance dans leurs actions pour accompagner les transformations de l’entreprise. A noter qu’en cas d’insatisfaction au travail, les salariés comme les managers privilégient les actions individuelles : 46 % des collaborateurs provoquent une discussion franche avec leur N+1 et 44 % poursuivent leur activité en levant le pied. Les représentants du personnel sont plébiscités en dernier recours par respectivement 15 % et 1 % des salariés et des managers. Juste derrière l’item « Je cherche à quitter mon entreprise » ! La loi sur le dialogue social et l’emploi, adoptée cet été, changera-t-elle la donne ? Les professionnels RH sont dubitatifs : 46 % d’entre eux ignorent si cette loi améliorera la qualité du dialogue social dans l’entreprise et 37 % si elle clarifiera le rôle des IRP.

Aurélie Tachot