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Cegos s’empare du groupe Cimes

Le | Digital learning

Cegos, aux avant-postes de la consolidation du marché de la formation depuis plusieurs années, finalise une nouvelle acquisition ! En début de semaine, l’organisme de formation a annoncé le rachat du groupe Cimes, spécialisé dans l’externalisation de la gestion de la formation. Une offensive qui lui permet d’élargir davantage son offre de services

Cegos s’empare du groupe Cimes
Cegos s’empare du groupe Cimes

L’externalisation de la formation est un segment de marché qui intéresse énormément Cegos ! Deux ans et demi après avoir mis la main sur le numéro 1 allemand Integrata, réputé pour son offre de services de gestion de la formation appelée « Managed Training Services », le groupe investit de nouveau dans la gestion externalisée des processus administratifs, logistiques et financiers de la formation, par le biais du groupe Cimes, jusqu’ici détenu à 45 % par le fonds Ardens III. ʺNous avons acheté cette société d’une part afin de proposer une offre plus large à nos clients, qui souhaitent non seulement disposer d’une offre de formations mais aussi d’une offre de services, d’autre part parce que le marché de l’externalisation est en croissance en France et que la réforme de la formation, qui s’intéresse à l’efficacité de la formation et au retour sur investissement, le met sous pressionʺ, décrypte José Montes, président de Cegos. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le groupe n’a pas souhaité « se contenter » de l’offre de sa filiale allemande. ʺDévelopper cette activité d’outsourcing à partir d’Integrata aurait été fastidieux. En rachetant le groupe Cimes, nous gagnons du temps.ʺ

D’autres projets d’acquisitions en tête

En rejoignant Cegos, le groupe Cimes, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros en 2016, change de dimension. ʺNous allons pouvoir renforcer notre présence auprès des grandes entreprises et étendre notre périmètre d’action à l’internationalʺ, se réjouit, dans un communiqué, Frank Morcant, P-DG du groupe, qui conserve sa marque et ses 140 collaborateurs. Cette transaction, dont le montant n’a pas été dévoilé, mais qui a été financée aux deux tiers par la trésorerie de Cegos et pour un tiers par un crédit bancaire, démontre qu’une dynamique de concentration est à l’œuvre sur le marché de la formation. Ces prochains mois, Cegos ne s’interdit d’ailleurs pas de réaliser d’autres opérations de croissance externe pour enrichir son offre de services, accélérer sa transformation digitale ou s’implanter dans de nouvelles zones géographiques. ʺNous n’octroyons pas de budget précis aux acquisitions. Même si, en France, nous n’anticipons pas une croissance forte pour 2017, nous générons suffisamment de ressources à l’échelle globale pour être attentifs aux opportunités qui nous permettraient d’offrir aux apprenants comme aux commanditaires des formations la chaîne de valeur la plus complèteʺ, explique José Montes.

Un rachat qui suscite des réactions

Le phénomène actuel de consolidation du marché soulève plusieurs questions. Le rapprochement entre Cegos et le groupe Cimes, investi, en tant qu’outsourceur, d’un rôle prescriptif auprès des entreprises, participe à une certaine confusion des rôles. Le risque étant que l’outsourceur soit juge et partie. ʺC’est possible, concède Pierre Berthou, co-gérant de la société Farsight. La réussite de ce rapprochement dépendra de la capacité de Cegos à cloisonner ses deux activités. Ses concurrents y parviennent très bien, souvent de manière contractuelle.ʺ La qualité de conseil de Cimes ʺconstitue un positionnement qui restera inchangéʺ, assure toutefois Cegos. L’autre interrogation porte sur l’évolution des pratiques traditionnelles. ʺLe marché pivote vers un système de digitalisation des achats de formation. A l’heure où les outils digitaux permettent de piloter la gestion administrative de la formation, est-ce véritablement pertinent, pour Cegos, de réaliser une telle acquisition ?ʺ, s’interroge Jérôme Lesage, fondateur de Place de la Formation. Pour Pierre Berthou, la réponse est oui. ʺEtant donné le système bureaucratique de la formation, la dimension humaine restera importante dans les processus de gestion. Certes, les outils digitaux facilitent et optimisent les tâches, mais ils ne remplaceront pas les petites mainsʺ, estime-t-il.

Aurélie Tachot